BRÉSIL : l’interminable conflit pour la terre.(09/08)

(www. prensamercosur.com.ar)

Le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST) a repris ses mobilisations dans le but de freiner l’avancée du soja et d’obtenir enfin une vraie réforme agraire qui bénéficie aux petits exploitants. L’opération la plus récente fut l’occupation de plusieurs sièges locaux de l’Institut de Réforme Agraire ( INRA) : San Pablo, Marañon, Ceará et Paraiba.

Il faut rappeler que le MST fut l’un des piliers du Parti des Travailleurs (PT) qui porta Lula à la Présidence. A ce moment-là, la grande réforme agraire faisait partie de la plate-forme politique de Lula, avec la promesse de crédits aux petits paysans et autres politiques en leur faveur, et les membres du MST furent les premiers à voter pour lui. Durant la campagne électorale les paysans ne réalisèrent aucune occupation de terres pour ne pas nuire à leur candidat.

Mais Lula a permis en 2007 la culture de 15 millions d’hectares de soja, une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Et il vend des terres aux étrangers, en moyenne 12 km2 par jour. Il s’agit d’étrangers qui veulent cultiver du soja, production d’un bon rapport et dont le prix continue de monter du fait d’une demande croissante. Les étrangers sont aussi intéressés par la production de viande bovine, par l’éthanol, élaboré à partir de la canne à sucre, et le biodiesel, fabriqué avec des oléagineux comme le soja, le ricin et le tournesol.

Face à cette “étrangérisation” de la terre et au manque de limites du gouvernement, le MST, qui compte un million et demi de membres, s’est vu obligé de faire entendre ses réclamations à travers des actions non violentes, comme d’occuper des zones improductives ou appartenant aux pouvoirs publics.La loi brésilienne  permet aux groupes comme le MST de prendre le contrôle de surfaces et plantations qui sont improductives ou d’exploitation déficiente. Si un tribunal émet une sentence en faveur des occupants, le gouvernement paie pour l’expropriation de la terre.

En arrivant au pouvoir Lula savait qu’il devrait à la fois ménager le MST et les partisans du négoce agraire et souhaitait l’harmonie entre eux. Dans une tentative pour apaiser  le MST il a créé un office qui finance les petites exploitations agricoles, et ainsi le Brésil a deux ministères de l’Agriculture : un pour les producteurs à grande échelle et un pour les petits producteurs. Mesure qui n’apporte cependant pas de solution définitive au conflit entre grands exploitants du soja et paysans sans terre.

Dans la principale enclave productrice de soja – Río Grande do Sul -, certains grands exploitants prônent une expulsion violente des petits paysans des terres qu’eux-mêmes convoitent car elles pourraient être consacrées au soja, d’un grand rapport…

L’idée de Lula est de favoriser l’agriculture à tous les niveaux pour que le Brésil soit “ le grenier du monde ” et exporter sur de nouveaux marchés. Le MST de son côté, souligne l’ambiguité du Président : “ Certes la relation entre gouvernement et mouvements sociaux s’est améliorée avec Lula, mais les politiques sociales  ne sont pas suffisantes pour transformer la profonde inégalité qui existe dans le pays. Il faut des changements structuraux dans l’économie et la politique pour parvenir à de plus forts investissements dans l’éducation, la santé, le logement, l’assistance sociale et la réforme agraire… Le gouvernement a donné la priorité aux monocultures sur de grandes propriétés pour l’exportation de soja, de coton et d’eucalyptus. ”

C’est seulement une fois au pouvoir que Lula a senti la pression des grandes entreprises et multinationales qui voulaient faire du Brésil une terre à soja, entre autres transgéniques, et le maximum de profits…

En 2003 Lula s’était réuni avec les leaders des principaux mouvements sociaux en leur demandant de “ patienter ” et en réaffirmant son engagement “ moral et historique ” avec la réforme agraire…En juillet 2008, il crée le Plan Zafra, pour destiner aux petits paysans 78 millions de Reales en prêts agricoles subventionnés, et favoriser le coopérativisme. Mais la véritable réforme agraire demeurera sans doute une utopie…

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