BREVES (avril 2011)

(//alainet.org/active/view_docs.php3) et (www.noticiasaliadas.org)

PEROU : Elections présidentielles et  législatives.
Au premier tour, le 10 avril, Ollanta Humala, 48 ans, militaire retraité, leader du parti nationaliste Gana Peru, a obtenu un appui  majoritaire dans les régions du centre-sud andin et l’Amazonie péruvienne, confirmant l’appui qu’il avait déjà obtenu lors des présidentielles de 2006. Il a obtenu 31,77 % des voix.
Keiko Fujimori, 35 ans, présidente du parti Fuerza 2011, membre du Congrès, est la fille de l’ex-président Alberto Fujimori actuellement emprisonné pour atteintes aux Droits Humains. Elle atteint 23,47 % des suffrages.
Ils sont suivis de trois autres candidats dont l’ex-président Alejandro Toledo. Les résultats expliquent qu’un tiers des électeurs expriment une insatisfaction devant la croissance économique dont ils ne ressentent pas les bienfaits. Dix ans de croissance et ni les secteurs ruraux ni les secteurs urbains marginalisés où se concentre la population pauvre n’ont constaté d’amélioration.
Le second tour des présidentielles aura lieu le 5 juin. Chez les électeurs il règne une grande méfiance : ils craignent, de la part des deux candidats, les entorses à la démocratie, à la liberté d’expression et aux droits  humains. On craint que la fille de Fujimori répète les actions de son père qui instaura une dictature civico-militaire. A travers la corruption cette dictature contrôlait les médias et le système judiciaire.
De Humala on craint la posture autoritaire. Les entreprises ont exprimé leur préoccupation sur ce que Humala peut faire dans le secteur économique. De plus on craint son intention de changer la Constitution et de s’éterniser au pouvoir.
La population attend, de la part des trois candidats éliminés, une déclaration qui pourrait les aider à faire un choix.
Quant aux législateurs, sur 130 sièges “ Gana Peru ” en aura 46 et “ Fuerza 2011 ”,38. Aucun des deux n’ayant la majorité absolue, chacun devra faire des alliances.

PÉROU : L’or de la forêt amazonienne.
A Puerto Maldonado, capitale du Madre de Dios, près de la frontière brésilienne, María travaille dans une boutique où les “ chercheurs d’or ” viennent vendre leur “ récolte ”. Ce matin elle reçoit trois jeunes mineurs. Deux d’entre eux écoutent de la musique sur leur MP3, ils portent des chaussures dernier cri avec les lacets ouverts pour paraître “ cool ”. Le plus âgé, 25 ans environ, sort de sa poche  un papier froissé où il garde enveloppé un grain de couleur argentée.

Maria place le grain dans une coupelle d’argile et le brûle avec un chalumeau. Peu à peu, le mercure, hautement toxique, s’évapore dans l’air et il ne reste que la récolte du travail des trois jeunes : un grain d’or de 15 g. María les paie en espèces, 600 dollars et ne demande pas de certificat d’origine. Les jeunes se partagent la somme, 200 dollars chacun, pour une semaine de travail, cela équivaut au salaire   minimum mensuel au Pérou.
Il y a de nombreux mineurs : il y a les mineurs fortunés, investisseurs péruviens, brésiliens, et même russes et chinois, qui fouillent le fond et les rives des ríos avec de grandes dragues, des excavatrices et des tombereaux importés du dernier cri ; il y a aussi des journaliers qui travaillent de manière quasi artisanale, avec une sorte d’aspirateur à moteur diesel pour happer le sable du fleuve qui est riche en poudre d’or.

Ils sont au moins  40 000 à vivre de la mine dans le Madre de Dios. Et tous ont un point commun : ils saccagent la forêt, coupent des arbres sans discrimination, brassent les sédiments des ríos et polluent l’eau et la terre avec le mercure et l’huile des moteurs. Certains ríos n’ont plus de lit : les mineurs les ont convertis en désert de boue.

Ni le Ministère de l’Energie et des Mines, à Lima, ni les autorités régionales n’ont réussi à mettre de l’ordre dans les mines du Madre de Dios. En février 2010, le Ministre de l’Environnement, Antonio Brack, a décrété la nécessité d’une mise en ordre de cette mine aurifère : paralyser momentanément les concessions minières pour diviser la région en zones de  mines et zones exclues de la mine. Le peu de succès de cette mesure l’amena à employer un ultime recours : la Marine de Guerre du Pérou, chargée de veiller aux voies fluviales de l’Amazonie, détruisit 14 dragues et interdit désormais l’usage de ces engins. Depuis, les mineurs de Madre de Dios sont sur pied de guerre contre le ministre de l’Environnement et deux personnes sont mortes dans les blocages de routes.

L’or produit dans la forêt, de manière légale ou non, intègre le circuit commercial de l’or pour l’exportation à travers des intermédiaires variés. Et selon  les statistiques, il s’en va majoritairement en Suisse, au Canada  et aux Etats-Unis pour être fondu et commercialisé comme produit pour certaines industries ou comme dépôt de valeur dans les banques.
Peut-être  le Ministre ignore-t-il qu’il existe maintenant une tentative de production d’or en petite quantité et de manière écologiquement durable. Le premier label d’ ”or éthique ” vient d’être lancé à Londres. Cet or certifié provient de mines de Bolivie et Colombie. Au Pérou des associations minières sont dans le processus de certification, à Arequipa et Ayacucho, où le désert fait que le coût environnemental de la production aurifère est moins élevé.

PEROU : Trafic d’acajou. L’abattage indiscriminé des arbres de la forêt menace la survie des communautés indigènes qui vivent dans l’isolement volontaire au sud-est de la forêt amazonienne du Pérou. Il existe cependant des accords nationaux et internationaux contre cette pratique. Bien que l’abattage de l’acajou soit interdit dans les réserves naturelles, les territoires indigènes ou les parcs nationaux dans le cadre du traité de libre commerce signé avec les Etats-Unis, 80 % de ce bois est exporté vers les Etats-Unis avec la complicité de fonctionnaires qui contribuent à ce que ce bois précieux quitte le pays avec un faux certificat  obtenu… légalement. Ces faux documents sont censés fournir la preuve que ce bois fut abattu légalement, en respectant les plans d’exploitation forestiers approuvés. L’acajou est ainsi transporté à Lima avec la documentation requise par les Etats-Unis et les autres marchés internationaux. Le Pérou a concessionné 70 % de la forêt amazonienne à des entreprises pétrolières, mais il n’a pas inclus la Réserve Territoriale Murunahua dans ces concessions, face au péril que constituent les industries extractives pour la survie des communautés indigènes.

URUGUAY : Annulation de la loi d’amnistie.
Actuellement la norme empêche que militaires et policiers soient jugés pour des violations de Droits Humains commises durant la dictature militaire. L’annulation de cette loi a été approuvée au Sénat par 16 votes contre 15. Elle doit encore retourner à la Chambre des députés où le Frente Amplio (gauche) a la majorité, c’est dire qu’elle sera approuvée. La coalition progressiste espère obtenir l’approbation définitive avant le 20 mai, date du souvenir pour toutes les disparitions et les morts survenues durant la dictature. Dès que cette nouvelle norme entrera en vigueur, tous les cas dénoncés qui étaient archivés ou protégés par la loi pourront être réexaminés. Ainsi les crimes, disparitions, tortures, séquestrations, et autres délits qui eurent lieu entre 1973 et 1985 pourront être jugés. Il convient de signaler qu’en mars dernier la Cour Interaméricaine des Droits Humains avait ordonné à l’Uruguay d’enquêter et de sanctionner les disparitions forcées, estimant que la loi contestée “ manquait d’effets juridiques ”.

CHILI : La compagnie  minière canadienne Barrick Gold  a été sanctionnée au Chili pour avoir commis des fautes concernant l’environnement dans le projet binational Pascua Lama, le plus grand du monde, qui exploite l’or et l’argent à la frontière avec l’Argentine. Les autorités chiliennes condamnèrent l’entreprise à une amende de 23 000 dollars après constatation d’une série d’irrégularités qui mettaient en péril les glaciers et les sources. Sanction qui fut qualifiée de dérisoire par l’OLCA  (Observatoire Latinoaméricain des Conflits Environnementaux) qui dénonça que “ l‘entreprise couvre de poussière les glaciers, ce qui produit leur irréversible destruction ”

MEXIQUE : Entre avril et septembre 2010, 11 333 migrants furent séquestrés au Mexique, selon la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH). La plupart d’entre eux provenait d’Amérique Centrale. Le rapport spécial sur le séquestre de migrants au Mexique, présenté par la CNDH en février, dénonce que les migrants furent victimes d’extorsion et de toutes sortes d’abus.

MEXIQUE : Le Centre d’Etudes sur les Déplacements internes dont le siège est à Genève publie un rapport  révélant le déplacement de plus de 230 000 personnes au cours des quatre dernières années. Le document ajoute que depuis 2006, quand le président Calderón lança son offensive militaire contre les cartels de la drogue, plus de 30 000 personnes sont mortes du fait de la vague de violence, en particulier dans les Etats de Chihuahua et de Tamaulipas, frontaliers des Etats-Unis, où les cartels de la drogue se disputent le leadership et le contrôle des routes du narcotrafic.

EQUATEUR : C’est le second pays du monde après l’Indonésie pour le nombre d’espèces en voie d’extinction. Selon le “ Livre rouge des mammifères équatoriens ”, paru le 29 mars, le nombre d’espèces en péril est passé de 43 en 2001 à 101 actuellement. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature  a introduit en 1994 une nouvelle méthodologie scientifique pour déterminer le risque d’extinction de toutes les espèces de la planète, et c’est ensuite que les “ livres rouges ”, listes détaillées des espèces en péril, commencèrent à être publiés.

GUATEMALA : Le 15 mars au matin, plus de mille policiers et militaires ont expulsé quelque 3000 indigènes maya q’eqchi des terres qu’ils occupaient dans la vallée de Polonchic, dans le Haut Verapaz, au nord-ouest du Guatemala. Leurs maisons et leurs cultures de première nécessité ont été saccagées. Les commanditaires de ces actes sont les propriétaires de grosses entreprises agricoles qui se prétendent possesseurs des  terres des indigènes, bien que ces terres aient été exploitées depuis l’époque coloniale par des générations successives d’indigènes. Les auteurs de ces méfaits cherchent de nouvelles terres à exploiter pour cultiver la canne à sucre et produire de l’éthanol.

PARAGUAY : Convoqués par la Fédération Nationale Paysanne, plus de 5000 agriculteurs ont entamé une marche le 24 mars, pour la 18ème année consécutive, en exigeant la mise en place d’une réforme agraire. Sous le slogan : “ Le pouvoir en marche : pour la reconquête de l’indépendance et contre le latifundio ”, les paysans, – en majorité cultivateurs de coton déplacés au profit de la culture de soja -, demandaient une répartition plus équitable de la terre et protestaient contre  la promesse non tenue du président Lugo qui voulait réaliser une réforme agraire.

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