MEXIQUE (novembre 2011)

L’Etat mexicain accusé de torturer, faire disparaître et exécuter en toute impunité… (www.rebelion.org)

L’organisation Human Rights Watch (HRW) publie un rapport prouvant que dans la lutte contre la délinquance organisée au Mexique, les trois pouvoirs de l’Etat ont commis des violations de droits humains généralisées et presque aucun cas n’a fait l’objet d’une enquête sérieuse.

Ce rapport de 229 pages s’intitule “ Ni sécurité, ni droits : exécutions, disparitions et tortures dans la “ guerre contre le  narcotrafic ” du Mexique. Dans des investigations exhaustives réalisées dans les cinq Etats les plus “ violents ” du pays, ( Basse Californie, Chihuahua, Guerrero, Nuevo León et Tabasco) HRW a rencontré des évidences suggérant fortement que des membres des forces de sécurité auraient participé à plus de 170 cas de torture, 39 “ disparitions ” et 24 exécutions extra-judiciaires depuis que Calderón a assumé la présidence en décembre 2006.

“ Au lieu de réduire la violence, la “ guerre contre le narcotrafic ” du Mexique a provoqué une augmentation dramatique des assassinats, tortures et autres terribles abus de la part des forces de sécurité, qui  ne font que contribuer à aggraver le climat de terreur et d’absence de contrôle qui prédomine dans de nombreuses zones du pays ” déclare Miguel Vivanco, directeur de HRW pour les Amériques.

Peu après son accession à la présidence, Calderón déclara la “ guerre ” à la délinquance organisée et incita l’armée mexicaine à participer à la lutte contre les cartels, malgré les antécédents d’abus et d’impunité de cette institution. Plus de 50 000 soldats furent assignés à cette initiative, outre des milliers de membres de la Marine, de la Police Fédérale et des forces de police locales.

Dans les cinq Etats visités, HRW constata que les forces de sécurité appliquent systématiquement des tortures pour obtenir que les détenus fournissent des informations sur les cartels. Le  rapport d’HRW fait état de cas flagrants de “ disparitions ” et d’exécutions extra-judiciaires, perpétrés par soldats et policiers, et dans bien des cas, des mesures ont été prises pour occulter ces délits.

Les soldats qui commetttent des violations de droits humains contre des civils continuent d’être jugés par la juridiction militaire, même quand la Cour Suprême de Justice du Mexique et la Cour Interaméricaine des Droits Humains ont exprimé que ces abus doivent être traités par la juridiction pénale ordinaire, et que les tribunaux militaires manquent de l’impartialité nécessaire pour juger leurs propres membres. Le résultat de cette pratique est une impunité casi totale, selon HRW.

De 2007 à janvier 2011 :
Sur 35 000 assassinats liés à la délinquance organisée, on relève :
1649 cas ( 5 % ) qui ont fait l’objet d’investigations pour homicides par le Procureur Général de la République,
326 cas ( 1 % ) d’investigations dans lesquelles des personnes ont été impliquées
22 cas ( 0,06 %) d’investigations dans lesquelles des personnes ont été condamnées !

En différentes occasions, le Président Calderón a déclaré publiquement que 90 % de ces victimes étaient des délinquants. Cependant les données obtenues par HRW permettent de douter de la fiabilité de ces affirmations. Le Procureur Général de la République que la Constitution autorise à enquêter sur les homicides liés à la délinquance organisée, a indiqué à HRW qu’il n’avait entrepris que 997 enquêtes sur ce type d’homicides entre 2007 et 2011. Et les juges fédéraux n’ont condamné que 22 personnes accusées d’homicide et autres délits liés à la délinquance organisée.

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