Mexique : Le maïs transgénique : « un crime contre le maïs paysan et indigène, un crime contre l’humanité » (janvier 2013)

(Vía Campesina /  www.alainet.org)

 (Mexico, 20 novembre 2012) Les multinationales Monsanto, DuPont et Dow attendent l’aval du gouvernement mexicain au cours des prochains jours pour semer 2,4 millions d’hectares de maïs transgénique au Mexique, une surface équivalente à la superficie du Salvador. La situation est des plus préoccupantes, le Mexique étant au cœur de la diversité du maïs dans le monde. Des milliers de variétés y sont cultivées dans les campagnes par les communautés paysannes et indigènes. De nos jours, le maïs est l’un des trois aliments les plus consommés au niveau mondial. Par conséquent, la contamination des maïs au Mexique par de dangereux OGM constitue une menace pour le monde entier.
Des milliers de variétés locales de maïs sont cultivées par les communautés paysannes du Mexique, chacune d’elles étant le produit de climats, sols, écosystèmes et cultures différents. C’est depuis le Mexique que le maïs fut exporté à travers le monde, devenant un aliment crucial pour nombre d’autres peuples, notamment au sud de l’Afrique, en Asie et dans toute l’Amérique Latine. Néanmoins, ces dernières décennies, le maïs a également attisé les convoitises de l’industrie et des multinationales. Ces dernières ont créé des variétés de maïs hybride dépendant d’agrotoxiques et autres intrants que les paysans doivent acheter. Elles ont également créé des variétés de maïs transgénique qui à ce jour (2011) couvrent une superficie de 51 millions d’hectares dans le monde.

.
« La situation est alarmante, car le gouvernement mexicain privilégie les multinationales au détriment du bien-être des paysans et de notre santé » a déclaré Alberto Gómez, de  Via Campesina au Mexique. « Cela fait vingt ans que le gouvernement mexicain met en péril notre souveraineté alimentaire en ouvrant l’agriculture au libre-échange, nous inondant de maïs bon marché de piètre qualité, et faisant sombrer dans la pauvreté des milliers de paysannes et paysans. Maintenant ils veulent nous empoisonner avec du maïs transgénique. Nous ne les laisserons pas faire.»
De récentes études publiées en France démontrent que le maïs transgénique pourrait présenter de graves risques pour la santé. Ces risques ne sont pas évalués de façon adéquate. Dans le cadre de ces études, des rats nourris avec ce maïs présentaient de fortes incidences de cancer et leurs organes vitaux étaient endommagés. Au Mexique, ces entreprises cherchent notamment à semer la variété de maïs transgénique utilisée dans les études françaises, le maïs NK 603.
Par ailleurs, les OGM sont contraires aux droits des paysannes et des paysans. « Les plantes transgéniques contaminent toutes les cultures paysannes, via des gènes brevetés par les multinationales, et empêchent ainsi les paysans d’utiliser leurs propres semences. Voilà pourquoi en Europe nous avons fait pression pour qu’aujourd’hui les lois interdisent les OGM dans nos campagnes et nos aliments. Les Européens et le reste du monde doivent soutenir le peuple mexicain dans sa résistance aux multinationales. Le bien-être du monde entier en dépend », a souligné Guy Kastler, de la Via Campesina en France.
Les organisations de Via Campesina du monde entier se joignent à la société civile et les paysans et paysannes mexicains qui s’opposent aux demandes de Monsanto et exigent leur rejet.  Via Campesina enjoint les organisations et les citoyens à mener des actions dans leur pays pour rendre compte de l’attitude irresponsable du gouvernement mexicain. « Il nous faut agir partout et condamner cette agression contre le maïs mexicain, qui est une agression contre l’humanité toute entière », soutient Francisca Rodríguez de la Via Campesina au Chili. « Les semences paysannes sont un trésor des communautés paysannes et indigènes. Ce sont les seules semences à nourrir le monde de façon saine et sans l’apport d’agrotoxiques. Ce sont les seules dont la diversité permet de s’adapter au changement climatique. On ne peut se permettre de perdre ces semences de maïs à cause de la contamination par les OGM ».


 Via Campesina appelle ses organisations à lancer un assaut d’envergure, à rester vigilant face à cette offensive et à mener des actions dans tous les pays : plaintes au siège des multinationales Monsanto, DuPont, Dow, et des gouvernements les soutenant ; plaintes devant des instances telles que la FAO ou la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) des Nations Unies ; pressions sur les ambassades du gouvernement mexicain à travers le monde ; actions et manifestations ; diffusion d’informations via tous les canaux possibles. Les peuples du Mexique et les communautés paysannes résistent aux multinationales. Repoussons cette attaque contre la vie dans le monde entier!

 

 

Maïs transgénique : extraits de la lettre ouverte

de l’organisation Vía Campesina à la FAO et la CBD

(FAO = Organisation des Nations UNies pour l’Alimentation et l’Agriculture

CBD = Convention sur la Diversité Biologique des Nations Unies)

(www.ecoportal.net)

 

« (…) En septembre 2012, trois entreprises transnationales (Monsanto, DuPont et Dow) ont sollicité l’autorisation commerciale de semer du maïs transgénique sur un total de 2 500 000 hectares dans deux Etats du Mexique.La superficie sollicitée est de telle envergure qu’elle provoquera sans doute une vaste contamination transgénique des variétés d’origine. Ce serait la première autorisation massive et à échelle commerciale de cultures transgéniques qui affecterait directement une culture alimentaire dans son centre d’origine et sa diversité.

Cette autorisation ferait suite à deux années de plantations expérimentales  de la part du gouvernement mexicain, qui en 2009 décidait de rompre le moratoire de facto qu’il avait établi en 1999 contre les semailles de maïs transgénique, bien que les conditions qui l’avaient amené à établir ce moratoire n’aient pas changé. Les conditions déficientes de biosécurité dans les plantations expérimentales ont été fortement critiquées par des centaines d’experts, mais le gouvernement mexicain n’a pas accordé d’attention à ces critiques. C’est pour cette raison que nous nous adressons à vous en sollicitant votre action.

En janvier 2012, le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le Droit à l’Alimentation, Olivier de Schutter, à partir de sa visite officielle au Mexique en 2011, a recommandé expressément au gouvernement mexicain de réinstaller le moratoire (…). Le gouvernement mexicain ignora cette recommandation, et maintenant la situation est beaucoup plus grave. Plus de 2370 scientifiques mexicains et d’autres pays ont sollicité en novembre 2012 le gouvernement mexicain de ne pas autoriser les semailles commerciales de maïs transgéniques au Mexique et d’arrêter toutes les semailles expérimentales de cette culture, en réinstallant le moratoire qui existait depuis 1999, jusqu’à ce qu’il soit possible d’analyser et de discuter avec indépendance et avec une participation sociale réelle, des implications que la culture de mais transgénique aurait sur  le pays (…) Ce thème ne concerne pas seulement le Mexique mais toute la communauté internationale, étant donné que de nombreux pays dépendent du maïs pour leur alimentation de base (…) C’est pourquoi nous sollicitons la FAO et la CBD afin qu’elles appellent le gouvernement du Mexique à appliquer le principe de précaution en rétablissant d’urgence le moratoire contre les semailles expérimentales et commerciales de maïs trangénique, et à protéger les droits des agriculteurs, paysans et indigènes, ainsi que  les bases de la souveraienté alimentaire dans le monde entier. »

 

Ce contenu a été publié dans Les brèves, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.