EQUATEUR : « L’activité minière est un fléau ».

www.adital.org juin 2013

Directrice exécutive de la Commission Œcuménique des Droits Humains en Equateur, Elsie Monge parle de l’activité minière dans son pays.

Quels projets miniers ?
« 4 % du total du territoire équatorien ont été concédés à des méga-entreprises minières. Il s’agit de 980 mille ha pour les recherches de métaux, et 121 600 ha pour d’autres. La majorité des concessions minières ont été accordées à des entreprises canadiennes, et maintenant arrivent aussi les chinoises. Le plus souvent il s’agit de mines de métaux : or, argent, cuivre, etc. Ces mines sont encore en phase d’exploration.

Un exemple du processus d’exploration ?
Par exemple, à Zamora, il y a le projet « Mirador », qui était aux mains des Canadiens, et qui est passé aux Chinois. Il y a eu beaucoup de gens déplacés parce que la première chose que fait une entreprise minière, c’est de nettoyer le terrain, donc de déloger les gens qui s’y trouvent. Ceux-ci doivent s’en aller, de gré ou de force. Donc dans ce projet Mirador, au sud de l’Amazonie, près de la frontière du Pérou, il y avait 45 familles qui ont été déplacées et un village, San Marcos, qui  n’existe plus. Les 15 familles qui y vivaient sont parties. C’est préoccupant, parce qu’ils sont contraints de partir, mais l’Etat  ne vérifie pas s’il existe un processus de vente, il y a beaucoup d’irrégularités et l’Etat ne supervise pas ce processus, ni s’il y a eu relogement. Cela n’arrive pas seulement pour les projets miniers, mais aussi avec les projets hydro-électriques, c’est la même tactique.

Et les accords garantissant les droits des peuples ?
Certes il existe des accords comme celui de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur les droits des Peuples Indigènes à leurs terres et à  leurs ressources. Mais il n’existe pas d’accords avec l’Etat équatorien. Et la Déclaration de l’ONU sur les Droits des Peuples Indigènes n’est pas appliquée non plus.
Les concessions sont accordées sans prendre en compte les territoires indigènes. La Constitution d’Equateur signale qu’il doit y avoir consultation dans ce cas, et ce n’est pas observé. Il y a donc viol de la Constitution.

Pas de dialogue avec le gouvernement ?
Non, et le problème est que non seulement il s’agit de concessions isolées, mais la crainte est que l’activité minière soit le modèle de tout développement. On peut imaginer qu’il y ait un accord entre les transnationales et le gouvernement.

Les organisations réalisent-elles des actions de défense de leur territoire ?
Oui, des manifestations sont organisées. Il est nécessaire d’expliquer aux gens que l’eau va être polluée, que ceci va affecter non seulement les communautés éloignées, mais que comme c’est ici que naissent les ríos de la montagne , la contamination va arriver jusqu’à la capitale de la province, Cuenca, et au-delà. Alors les gens se mobilisent. Mais quand des indigènes ou des paysans réclament leurs droits et les droits de la nature, ils sont réprimés, enquêtés, voire accusés de terrorisme. La pression est forte.

Que dit le gouvernement ?
Cette activité de la mine est un fléau, car dans le cas de l’Equateur, le gouvernement dit : « Nous ne pouvons pas rester assis sur une montagne d’or, nous avons besoin de ces ressources et c’est pourquoi il faut exploiter les mines ». Ceci est une vision à court terme. Mais les populations ne voient souvent que le profit possible et ne considèrent pas les  grands effets négatifs qui se produisent dans les autres pays.

Où en sont les autres pays ?
La plupart en sont déjà à la phase d’exploitation. Au Pérou, en Argentine, au Chili, il y a déjà eu de l’exploitation minière. La nature et la biodiversité ont été détruites et les territoires sont devenus des déserts. C’est ce que nous ne voulons pas. Dans certains pays l’exploitation a eu lieu mais les organisations étaient plus fortes qu’ici. Elles ont remporté quelques victoires. Par exemple, le projet de Pascua Lama, entre Chili et Argentine, a été suspendu. Cela encourage à lutter.
Au Pérou, il existe une très bonne organisation indigène, et elle a réussi dans quelques cas à éviter l’exploitation des mines. Le Honduras est un autre contexte. Là-bas on a interdit l’exploitation minière à ciel ouvert. Au Costa Rica, l’industrie du tourisme est à un très haut niveau et cela fait voir les problèmes sous un autre jour… »

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