CHILI : 2e tour des présidentielles le 15 décembre (décembre 2013)

(REBELION)

(« Avec ou sans Bachelet, le Chili suivra la voie de Pinochet »)

Les psychologues et sociologues disent qu’il faudra plusieurs décennies pour que se dilue l’héritage de la dictature et que les gens se libèrent de la peur de la persécution, de la torture et de la mort.…

Perspectives.
Michelle Bachelet ayant obtenu 46,74 % des votes et sa rivale Evelyn Mathei 25, 02 % au premier tour, on peut s’attendre à voir de nouveau la première à la tête du Chili après le second tour du 15 décembre..

Mais cela ne signifie pas pour autant la fin de l’héritage Pinochet. D’abord même si les électeurs chiliens sont 17 millions, le pourcentage des votants ne dépasse guère les 50 %. Car la plupart considèrent que « la présidente de centre gauche comme la présidente de droite sont liées au système néolibéral et ils n’attendent pas de changements substantiels dans ce pays qui est présenté dans la dernière décennie par les médias comme le « Tigre Latino-américain » en termes économiques.

Le système électoral avant Pinochet.
 » La dictature a aboli la représentation proportionnelle (RP) qui était en vigueur avant le coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973. Depuis le 19e siècle, la RP avait été la réponse aux divisions de la structure sociale chilienne et avait donné lieu à un système multipartite qui comprenait six grands partis. (socialistes et communistes à gauche, démocrates chrétiens et radicaux au centre, libéraux et conservateurs à droite, qui fusionnèrent en 1966 pour former le Parti National ) ».

Le système binominal des parlementaires.
Le système électoral chilien actuel est de nature à favoriser l’abstention aux élections parlementaires par son mode de scrutin très spécial: » C’est maintenant  le seul pays à élire deux candidats par circonscription. Il s’agit du scrutin majoritaire binominal dont la particularité est de favoriser la liste arrivée en deuxième position. Le premier candidat de la liste arrivée en tête est élu. La deuxième représentation est occupée par la liste gagnante uniquement si elle réussit à doubler en voix la liste arrivée en deuxième position, sinon le premier candidat de cette liste est élu. La droite chilienne est bénéficiaire de ce système qui lui permet de s’assurer pratiquement la moitié des sièges du Sénat et de la Chambre des Députés avec seulement un peu plus de 30% des suffrages.

Ce système électoral est unique parce qu’il favorise la plus grande minorité et non la majorité. Il a été mis en place par le régime militaire à la suite du plébiscite du 5 octobre 1988 qui poursuivait deux objectifs : améliorer la Constitution de 1980 et élire Pinochet comme président pour 8 autres années. Dans cette élection où il n’y avait pas d’autre candidat, il a été battu par la Concertation., situation qui a mis en branle la transition vers la démocratie avec des élections parlementaires et présidentielles en 1989.  Le candidat de l’opposition, Patricio Aylwin, démocrate-chrétien, a alors remporté la présidentielle. Pourtant le système électoral avait été conçu pour favoriser les deux partis de droite qui avaient soutenu  la candidature de Pinochet, de manière à empêcher une victoire électorale prévisible de leurs adversaires ».

Un « modèle » néolibéral.…
Durant les dix dernières années l’indice de croissance du Chili était d’environ 5 %. Selon le directeur de l’ONG « Education 2020 », le Chili représente le modèle économique le plus néolibéral du monde. Les piliers du néolibéralisme, Etats-Unis et Grande Bretagne, comparés au Chili, apparaissent comme des pays « socialistes ! »

En Amérique Latine, le Chili est situé au 5e rang pour l’inégalité économique. Entre 2000 et 2009, les 20 % les plus favorisés étaient possesseurs de 58 % du revenu  national, tandis que les 20 % les plus pauvres totalisaient seulement 4 %. Le système de pensions est basé sur des fonds privés, la moitié des Chiliens n’y ont pas accès et 40 % des autres reçoivent environ 180 dollars mensuels.

Quant à l’éducation, le système hérité de Pinochet est le 2e le plus cher au monde après les Etats Unis, d’où les manifestations d’étudiants pour obtenir « une éducation gratuite et de qualité ». A cause de la ségrégation sociale dans le système éducatif, le Chili s’est classé 64e sur 65 pays évalués par l’OCDE en 2009.

Comment changer ce système verrouillé?
Ce sont précisément les promesses de résoudre ces problèmes qui avaient amené Michelle Bachelet une première fois à la présidence en 2006. Mais ses idées socialistes durent peu à peu s’estomper dans ce système où l’ombre de Pinochet entravait la liberté d’action.

Durant les 4 années de sa présidence (2006-2010), la dirigeante socialiste au visage souriant et au style tranquille a réalisé quelques changements dans le domaine de la santé et en faveur des femmes, mais elle n’a pu changer le système éducatif malgré le fort mouvement des étudiants de secondaire.

Elle a davantage agi en leader pragmatique, plus préoccupée de maintenir la stabilité macro-économique du pays que par des initiatives pour réaliser ses promesses. Et le système néolibéral ne lui offrait guère de possibilités pour réaliser des changements socio-économiques et redistribuer les ressources.

Elle continua aussi à appliquer la loi anti-terroriste de Pinochet, en particulier envers les communautés Mapuches , dont l’unique délit est de réclamer leur droit à leur territoire ancestral.…

L’espoir de changement pourrait venir des jeunes qui ont déclaré à Michelle Bachelet : » Le Mouvement Etudiant dans son ensemble comprend clairement qu’au delà des résultats des élections, l’année qui vient et les suivantes seront marquées par la lutte et l’organisation. Aujourd’hui l’ancienne Concertation s’est déguisée en Nouvelle Majorité, elle a écouté nos demandes pour un programme dont nous savons qu’elle ne le tiendra pas, qu’il sera déformé et converti en propositions pour la classe des chefs d’entreprises, et en s’éloignant de son origine : le mouvement social. Nous travaillerons inlassablement à la coordination des luttes d’aujourd’hui et de celles de demain. Quel que soit le résultat des élections, nous poursuivrons avec détermination   l’action du mouvement social. »

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