Migration d’enfants non accompagnés. (décembre 2014)

(www.rebelion.org)

Le droit international définit comme « réfugié » une personne qui, « du fait de ses craintes fondées d’être persécutée pour motifs de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe social ou d’opinions politiques, se trouve hors du pays de sa nationalité et ne peut pas, – ou à cause de ses craintes ne veut pas – recourir à la protection de ce pays, ni y retourner ».

Expulser les enfants sans papiers ?
Bien que le droit international protège « les enfants étrangers non accompagnés » qui arrivent aux Etats-Unis, le gouvernement et les partis politiques de la Chambre des Représentants cherchent à empêcher le respect de ces droits en vertu d’une « crise migratoire » qui est en réalité une demande massive du statut de réfugié.

Les arguments sur lesquels s’appuie l’idée de déportation sommaire ont trois origines :
– la patrouille frontalière se dit « débordée » et évoque son manque de préparation pour avoir affaire à des mineurs,
– les réclamations des Cours migratoires pour l’avalanche de dossiers,
– la rhétorique de la nationalité et de la menace étrangère , mécanisme xénophobe qui exprime la nécessité de faire porter aux migrants la responsabilité de la crise économique américaine.

Depuis quand des enfants entreprennent-ils seuls ce long voyage ?
Le thème des enfants sans papiers qui se rendent du Mexique aux Etats-Unis n’est pas récent. Depuis des années, quoiqu’en nombre moins préoccupant, ce phénomène existe. Les raisons sont multiples:
– ces enfants vivent dans une grande précarité économique et sociale,
– ils ne migrent pas par plaisir ni par volonté, mais par obligation,
– ils sont dans une grande vulnérabilité et exposés à des situations de risques pour leur intégrité physique, voire pour leur vie, et subissent des vexations et des abus constants.
– si finalement ils réussissent à parvenir au terme de leur parcours, (les Etats-Unis) ils souffriront des conditions de marginalisation dues au fait qu’ils sont sans papiers. Leur condition d’enfants ne leur apportera aucune bienveillance. Si les Droits Humains, – et donc les droits des enfants -, ont un caractère universel et inaliénable, dans ce contexte on semble les ignorer.

Pourquoi migrent-ils ?
Le triangle nord de l’Amérique Centrale – El Salvador, Guatemala, Honduras – constitue l’une des régions les plus violentes du monde. Les conditions existant dans cette région sont la conséquence de l’intervention directe des Etats-Unis qui se manifeste de trois façons: 1.coups d’Etat et dictatures militaires. 2. appui aux guerres de contre-insurrection. 3. politiques économiques patronnées par le Consensus de Washington. Cet ensemble de facteurs d’origine, plus d’autres facteurs circonstanciels ont engendré des sociétés blessées par les inégalités sociales, terrorisées par la violence des pandillas ( bandes de jeunes délinquants ) et par les escadrons de la mort.
De nombreux parents, et tout au moins le père, sont partis aux Etats-Unis, parfois depuis plusieurs années, dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie. La réunification familiale peut aussi être le motif de la tentative des enfants.

Dimensions du phénomène.
Selon les données de la Patrouille Frontalière et du gouvernement des Etats-Unis, entre octobre 2013 et la mi-juin 2014, plus de 52 mille mineurs ont tenté de traverser la frontière entre Mexique et Etats-Unis. Ils provenaient principalement de trois pays : le Honduras (15027), le Guatemala (12 670) et le Salvador ( 11 436 ). Il faudrait y ajouter les enfants mexicains qui étaient plusieurs milliers.
En moins de 5 ans, cette migration centro-américaine a connu une croissance exponentielle: en 2009, les enfants migrants salvadoriens étaient au nombre de 1221. En moins de 5 ans, ce chiffre a été multiplié par dix. Au Honduras, le nombre est passé de 968 en 2009 à 15 027 en 2014…

Entre vulnérabilité et extorsion…
La traversée à effectuer suppose un déplacement de milliers de km et de plusieurs semaines. Ce voyage est plein de risques. Les enfants peuvent avoir à faire face à diverses situations. Ils devront utiliser de multiples moyens de transport (bus, train de marchandises « la Bestia« , déplacement à pied, etc.) pour parvenir au nord du Mexique et traverser la frontière Mexique-Etats-Unis. Durant le transit, ces enfants sont exposés à toutes sortes d’abus et d’agressions: extorsions, vols, violence physique, mutilations, viols, trafic de personnes, prostitution forcée, séquestre, assassinat…

Ces abus sont perpétrés par divers individus ou groupes : groupes de délinquance organisée et/ou de narcotrafic, comme los Zetas, les pandillas ou maras (groupes de jeunes délinquants), autorités mexicaines du niveau municipal, fédéral ou de l’Etat… Les enfants et les migrants adultes deviennent de la monnaie d’échange de laquelle les personnes mentionnées plus haut soutirent des ressources économiques.
Cependant, face à ce phénomène, il y a aussi des individus, des associations de défense des droits humains, ou d’autres organisations de la société civile ou religieuse, qui tentent d’améliorer les précaires conditions de voyage des migrants, par de l’assistance sociale, des conseils juridiques, un accueil momentané, etc.

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