Comment faire de nécessité vertu ? L’exemple de Cuba

« Les nouvelles » (N°89, été 2015), journal de l’association Terre & Humanisme fondée par Pierre Rabhi, consacre un dossier à l’agroécologie à Cuba.

La grave crise alimentaire des années 90 consécutive à l’arrêt de l’aide soviétique et au maintien de l’embargo international imposé par les Etats-Unis a déclenché une conversion dans l’urgence de l’agriculture.

La fin des importations de produits agroalimentaires, d’engrais, de machines en provenance d’URSS qui n’achète plus le sucre cubain a plongé le pays dans une situation proche de la disette, d’autant plus que la pénurie de devises et le blocus interdisaient les importations venues d’ailleurs.

Les Cubains ont réagi dans l’urgence en rétablissant les pratiques agricoles traditionnelles : traction animale, diversification et rotation des cultures ; fertilisation naturelle (compostage, lombriculture…). Les petites exploitations familiales ont été rétablies et les citadins ont mis en culture tous les espaces disponibles (terrains vagues, friches industrielles…), la production étant destinée à l’autoconsommation et au marché intérieur de proximité.

Cette reconversion de survie a permis à la population et à l’Etat de prendre conscience des bienfaits de l’agroécologie et de l’importance de la souveraineté alimentaire.

Les résultats sont spectaculaires : le pays produit plus de 70% des fruits et légumes pour sa consommation, tout en ayant réduit considérablement l’utilisation d’énergie fossile, d’engrais chimiques et de pesticides. L’agriculture urbaine et périurbaine enregistre des performances exemplaires et un exode urbain se produit depuis les années 90 quand l’Etat a commencé à redistribuer les terres des grands domaines collectivisés après 59. Les campagnes se repeuplent et les paysages se diversifient dans le respect des équilibres naturels, alors que dans de trop nombreux pays du sud comme du nord la campagne se désertifie et les sols, la nature en général, se dégradent.

Espérons que la perspective nouvelle, souhaitable et probable de l’ouverture de ce pays aux échanges, en particulier avec son puissant voisin, ne remette pas en question cette évolution contrainte qui s’avère vertueuse.

Quelques chiffres :

  • 92% des paysans utilisent des bio-insecticides ;
  • 90% pratiquent des associations de cultures ;
  • 82% mettent en place des pratiques destinées à la conservation des régulateurs naturels ;
  • 81% utilisent des macérations botaniques dans leurs champs ;
  • 78% se trouvent dans une optique de diversification de leurs production.

Jacques Roland, 08/10/2015

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