AMÉRIQUE CENTRALE – Canal… et canal…

(Noticias Aliadas, article du 28-08-2015 – Traduction : B. Fieux)

Canal de Panama

Le 15 août verra le 100ème anniversaire du début des opérations du canal qui unit le Pacifique à l’Atlantique dans la partie la plus étroite du continent américain et qui a transformé le commerce mondial.

L’œuvre débuta en 1881 par une entreprise française. Mais le terrain accidenté, la mortalité élevée des travailleurs victimes de la malaria ou de la fièvre jaune, et le manque de financement finirent par paralyser la construction du canal. En 1889, l’entreprise Compagnie Universelle du Canal Interocéanique de Panama fut déclarée en faillite et les Etats-Unis acquirent les droits du Canal à perpétuité. En 1904 la construction reprit, pour se terminer en 1913 et le 15 août de l’année suivante, le vapeur Ancón inaugurait le Canal en effectuant la première traversée.

En 1977 les traités Torrijos-Carter furent signés entre le chef de gouvernement du Panama Omar Torrijos (1969-81) et le Président des Etats-Unis Jimmy Carter (1977-81) ; ils ouvrirent la voie à la restitution du Canal à Panama. Le transfert définitif eut lieu le 31 décembre 1999 et depuis cette date,  le Canal est administré par l’ACP (Administration du Canal de Panama).

En 85 années de contrôle états-unien du canal, l’Etat panaméen reçut en tout 1,9 milliards de dollars, alors que durant les 15 ans d’administration de l’ACP, 10,5 milliards de dollars tombèrent dans les coffres du Panama…

Toutefois, l’augmentation du commerce mondial et des dimensions des bateaux-cargos amena le Président d’alors, MartinTorrijos (2004-2009), à annoncer l’élargissement du Canal pour permettre le passage des bateaux appelés Post-Panamax dont les mesures excèdent celles des Panamax, et dont la taille est déterminée par les dimensions des sas des écluses du canal (33,53m de large et 320m. de long).

L’agrandissement doublera la capacité de chargement et l’investissement est évalué à 5,2 milliards. Cependant, au début de cette année, le consortium Grupo Unido por el Canal (GUPC), chargé des agrandissements et constitué par l’espagnole Sacyr, l’italienne Impregilo, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana (CUSA), suspendit les travaux, signalant qu’il était sans liquidités à cause d’un surcoût d’environ 1,6 mlliards.

Le surcoût, selon GUPC, était dû à ce que le basalte utilisé pour fabriquer le béton et provenant d’une mine située sur la côte Pacifique, n’avait pas la qualité requise et que son traitement élevait le coût du projet.

Les travaux reprirent après que chaque partie se fut engagée à apporter les fonds suffisants au projet et finalement, le 1er août, on signa une modification du contrat qui permettait la poursuite de la construction. On prévoit que les travaux d’agrandissement seront terminés début 2016.

Dans une déclaration à la presse, Juan Carlos Varela, actuel Président de la République du Panama, a signalé que les travaux d’agrandissement permettront que le Panama devienne un centre de commerce international important.

Canal de Nicaragua.

Cependant l’intention du Nicaragua de construire un canal permettant le passage de navires d’un tonnage et de dimensions supérieurs à ceux permis au Panama, a rendu nerveux les Panaméens mais aussi les Nicaraguayens.

Alors que le Canal de Panama a une longueur de 80km, celle du Nicaragua sera de 278 km depuis la localité de Brito, dans le Pacifique, jusqu’à Punta Aquila, sur l’Atlantique, en traversant le lac de Nicaragua (ou Cocibolca). Ce projet inclut deux ports, un aéroport, une zone de libre commerce, un complexe touristique et des routes, sans parler d’une centrale électrique et des fabriques d’acier et de ciment. Le coût est évalué à 50 milliards d’Euros.

Selon les autorités nicaraguayennes, la construction commencera vers le milieu de 2015 et se terminera en 2020. Par ailleurs, le Canal donnera de l’emploi à  cinquante mille personnes durant l’étape de construction et deux cent mille  durant les activités. Il garantira une croissance économique  de 10 à 15 %. On calcule qu’annuellement, plus de 5000 bateaux traverseront le canal et que la durée de traversée sera de 30 heures. Bien que le Nicaragua insiste sur le fait que son canal ne fera pas  concurrence à celui du Panama, ce qui est certain c’est qu’entre les deux, il n’y a pas plus de 600 km.

Pour Jorge Quijano, administrateur de l’ACP, il n’y a pas l’espace suffisant pour que les deux canaux soient économiquement viables. En outre, de par la complexité de la structure, Quijano calcule que le coût surpassera les 70 milliards et que l’investisseur ne peut espérer « un retour suffisant » du capital. Mais outre les risques financiers, il y a les effets que le canal aura sur l’environnement  et en particulier sur l’eau.

« Tout au long des 108 km sur le lac, il faudra creuser une tranchée sous l’eau, de plus de 100 km de long, de 500m de large et de 30m de profondeur, imaginons la quantité de sédiments extraits par l’excavation, qui altérera la qualité du lac, en rendant l’eau plus trouble, en affectant gravement l’approvisionnement en eau des populations voisines, en affectant aussi les espèces aquatiques, sans compter la possibilité accidentelle d’un déversement d’hydrocarbures », a dit le scientifique Jaime Incer Barquero, président de la Fondation Nicaraguayenne pour le Développement soutenable, dans des déclarations recueillies par la presse.

A lire aussi : NICARAGUA : Le projet du Canal accepté… sans consultation.

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