CONE SUD – Une urgence : la prévention des grossesses d’adolescentes.

(Noticias Aliadas, 14/06/2017 – Trad. B. Fieux)

Pour la vice-ministre de la Santé Publique d’Uruguay, Cristina Lutemberg, la grossesse d’adolescentes dans le Cône Sud constitue « la pointe de l’iceberg » des autres inégalités qui affectent cette région sud-américaine.

Durant la présentation du Cadre Stratégique Régional de Prévention et Réduction de la Grossesse Adolescente Non Intentionnelle – engagement souscrit le 6 juin à Asunción par l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay, – C. Lustemberg explique que « la grossesse adolescente met en évidence l’inégalité, non seulement économique, mais aussi territoriale, de genre et de pouvoir, qui affecte les populations les plus vulnérables ».

La grossesse chez des fillettes de 10 à 14 ans, connue comme « maternité infantile forcée », doit être la priorité dans les politiques de prévention, signale la vice-ministre.

« La grossesse de ces fillettes a un indice élevé de mortalité, et fragilise leur développement socio-émotionnel, spécialement quand 100 % de ces cas sont liés à l’abus et à l’exploitation sexuelle, ainsi qu’à l’inéquité de genre et de pouvoir pour choisir une relation », ajoute-t-elle.

Avec 21 000 grossesses d’adolescentes par an, le Brésil est le pays du Cône Sud où l’on enregistre le plus grand nombre de cas, suivi par l’Argentine,(3 000), le Chili ( 900), le Paraguay (674) et l’Uruguay (180).

Le Ministre de la Santé Publique et du Bien-être Social du Paraguay, Antonio Barrios, précise que dans son pays 2 grossesses sur 3 sont des adolescentes de 15 à 19 ans, alors que chaque jour on enregistre deux accouchements de fillettes de 10 à 14 ans, dont les grossesses sont considérées comme des conséquences d’abus sexuels.

« Les taux élevés de fécondité adolescente dans les pays du Cône Sud, particulièrement chez les fillettes de 10 à 14 ans, nous poussent à accroître nos efforts, basés sur l’évidence scientifique, pour réduire et prévenir la grossesse adolescente non intentionnelle », déclare Barrios.

La grossesse des filles trop jeunes « multiplie par 5 le risque de mourir pendant la gestation, l’accouchement ou la période qui suit l’accouchement, » insiste Barrios, « et en général elle implique l’abandon de la scolarité et des projets de vie. A cela s’ajoute que la grossesse précoce perpétue le cercle de pauvreté et de violence qui affecte la fillette ou l’adolescente, et qui a un effet dévastateur sur son développement intégral et sur celui du nouveau-né ».

Barrios souligne que 80% des enfants de mère adolescente risquent de naitre avec des problèmes ou de mourir de même que la fillette mère.

Eviter une seconde grossesse précoce.
Selon le Fond de Population des Nations Unies (UNFPA), le taux de fécondité adolescente du Cône Sud est de 73,2 pour mille. Sur 3 naissances chez des mères adolescentes de 15 à 19 ans en Amérique Latine-Caraïbes, deux surviennent dans des pays du Cône Sud.

Alma Virginia Camacho, conseillère régionale en Santé Sexuelle et Reproductive à l’UNFPA, précise que l’objectif de l’initiative est d’apporter une réponse intégrale à cette problématique, ainsi que de renforcer les politiques publiques et le cadre légal destinés à la prévention et la réduction de la grossesse adolescente.

« Ces chiffres, nous les déplorons, ils nous interpellent et nous poussent à agir », dit A.V. Camacho. « Ce cadre stratégique a été le processus de construction collective qui a nécessité deux ans de travail. Il reflète l’engagement politique et le leadership des cinq pays du Cône Sud sur un thème complexe et qui nous crée des défis. Il inclut les interventions effectives pour prévenir et réduire la grossesse adolescente dans une perspective intégrale et multisectorielle : accès aux contraceptifs de longue durée pour adolescentes, éducation intégrale, et garanties pour enfants et ados vulnérables. »

« Je suis sûre que la mise en œuvre de ce cadre stratégique pour accélérer la réduction de la grossesse chez les adolescentes aura rapidement des effets. Nous sommes sur le chemin correct en faisant ce qu’il faut faire, en affrontant la situation avec volonté, décision et connaissances, et surtout avec l’engagement des autorités politiques et de la société.  »

Au Paraguay, les autorités de Santé ont annoncé le 7 juin un plan pilote pour placer sous la peau un implant contraceptif, afin d’éviter une seconde grossesse. Cette méthode, qui sera utilisée à partir du mois d’août, est une option supplémentaire qui sera disponible parmi d’autres alternatives.

En ce qui concerne les adolescentes, l’implant sera placé avec leur consentement. « Il faut voir ce qui est préférable pour une adolescente, surtout si elle est déjà mère. Il faut avant tout lui donner la possibilité d’accéder à des méthodes sûres et qui la préservent d’une seconde grossesse, car la réinsertion dans le système deviendrait alors bien difficile ».

 

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