Mutilation Génitale Féminine (MGF)

(Will Higginbotham et Tharanga Yakupitiyage,
dans InterPressService – 22/02/2018 – Trad. B. Fieux)

Plus de 200 millions de femmes ont souffert ce type de mutilation génitale et un nombre plus grand encore risque de subir cette pratique préjudiciable non seulement à la personne affectée mais à des communautés entières…

La prévalence a diminué dans le monde mais de nouvelles données du Fond de Population des Nations Unies (UNFPA) prévoient que toute avancée réalisée pourrait disparaitre parce qu’il y a 68 millions de fillettes qui risquent de subir une mutilation génitale en 2030. Ces données ont été révélées dans le cadre de la Journée Internationale de la Tolérance Zéro contre la Mutilation Génitale Féminine (MGF), célébrée le 6 février dernier.

« Les nouvelles données signifient que cette pratique menace la vie et le bien-être d’un nombre de filles plus grand que ce qu’on pensait au début » a dit à IPS la coordinatrice du Programme Conjoint UNFPA-UNICEF sur la MGF, Nafissatou Diop. La MGF, parfois appelée Excision ou coupure, est pratiquée pour des motifs religieux, personnels, culturels et au sein des rituels initiatiques des adolescentes à la vie adulte. Selon la UNPFA, la majorité des cas affectent les petites filles, jusqu’à 15 ans. L’augmentation des cas « susceptibles de subir la MGF » est due en partie à la croissance de population dans les pays où cette pratique est commune, notamment au nord et à l’ouest de l’Afrique, au Moyen Orient et dans certaines zones de l’Asie.

Dans la seule Egypte, plus de 90% des femmes ont été mutilées. L’UNICEF et la UNFPA ont dénoncé la MGF qu’elles considèrent comme une « violation des droits humains » et une « pratique cruelle » qui inflige un choc émotionnel et affecte les personnes les plus vulnérables de la société. « Il est inadmissible que 68 millions de fillettes s’ajoutent aux 200 millions de femmes et filles qui ont déjà subi la MGF », a souligné Nafissatou Diop.

Un dommage qui perturbe la vie.

La MGF peut laisser des traumatismes pour la vie, tels que des problèmes urinaires ou vaginaux, des risques de complication durant l’accouchement et des troubles psychologiques comme la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique et la baisse de l’auto-estime. Liesl Gerntholz, directrice exécutive de la division des droits des femmes de Human Rights Watch, dont le siège est à New York, a dit à IPS : « Ceci est inacceptable, c’est une violation des droits humains fondamentaux qui peut ruiner la vie des filles. Il est évident qu’elles ne peuvent donner leur avis, dans l’enfance que peuvent-elles dire ? Cela n’apporte pas de bénéfices pour la santé des filles mutilées, et cela ne se voit que dans ces sociétés qui ne connaissent pas l’égalité de genre. C’est une pratique enracinée dans l’inégalité de genre ».

MGF : l’expression de l’inégalité de genre.

Liesl Gerntholz a souligné que, pour traiter du problème de la MGF, la communauté internationale doit s’attaquer non seulement à la pratique, mais à la question plus générale de l’inégalité des genres. » En tant que communauté internationale, nous pouvons lutter contre la MGF non seulement en appuyant des initiatives spécifiques liées à elle, mais aussi en constatant l’inégalité de genre dans ces régions et en investissant dans des programmes qui soutiennent les droits et l’éducation des filles, et l’éducation de la communauté, car c’est aussi une clé ». Pour sa part, Natalia Kanem acquiesça et rappela que le monde sait comment faire pour affronter le problème.

Dans une entrevue avec l’UNFPA, Latifatou Compaoré raconta comment, à 14 ans, elle était devenue une militante contre la pratique de l’excision, après l’expérience contée par sa mère : une fille que l’on avait excisée le même jour qu’elle avait eu de graves problèmes et était morte d’une hémorragie que rien n’avait pu stopper. Quand Latifatou était devenue mère, elle s’était promis que si elle avait des filles, jamais elle ne permettrait de les exciser. Et elle avait tenu parole. Dans les pays où travaillent l’UNICEF et L’UNFPA, 18 000 communautés refusèrent la pratique et beaucoup d’autres prirent des mesures légales pour l’interdire.
Par exemple, depuis que le Kenya a interdit la MGF en 2016, le nombre de cas a chuté de 32% à 21%.

Il faut une action accélérée.

Mais ni l’engagement oral ni les lois ne suffisent, observa le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Sans une action concertée et accélérée, nous voyons que 68 autres millions de filles peuvent aussi subir cette pratique dangereuse », alerta-t-il. De son côté, Diop réclama davantage d’efforts pour affecter des fonds et des ressources humaines à cette lutte. L’objectif de freiner la MGF occupe une place importante parmi les ODS (Objectifs de Développement Soutenable). Son inclusion fut considérée comme une prise de conscience des vastes conséquences de la MGF, qui vont de l’impact individuel à l’impact économique et social de communautés entières. « On ne peut parvenir au développement soutenable sans le total respect des droits humains des femmes et des fillettes », remarqua Guterres.

Le secrétaire général de l’ONU demanda aux gouvernements d’approuver et d’appliquer les lois qui protègent les droits des femmes et des filles et évitent la mutilation génitale. Il annonça aussi une nouvelle initiative de l’ONU appelée « Initiative Spotlight », qui vise à créer une association puissante pour mettre fin à toutes les formes de violences envers les femmes et les filles. »Quand ce qui est en jeu, c’est la dignité, la santé et le bien-être de millions de fillettes, il n’y a pas de temps à perdre; ensemble nous pouvons et nous devons en finir avec cette pratique préjudiciable », conclut Guterres.

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