Les scolaires indigènes laissés de côté. (janvier 2011)

(www.noticiasaliadas.org)

Les peuples indigènes continuent à lutter pour leur droit à  l’éducation.

La petite localité maya qeqchi de Peña Blanca, dans le département de Alta Verapaz, au Nord du Guatemala, est si isolée que pour s’y rendre, il faut deux heures de voiture depuis la ville de Cobán, et ensuite marcher une heure par des chemins ruraux étroits et poussiéreux sous une chaleur suffocante.

Peña Blanca a été oubliée par le système national d’éducation. En 1994 il n’y avait pas d’école et 60 % de la population était analphabète. Les gens qui arrivaient de la capitale profitaient de l’ignorance du peuple ” se souvient un leader de la communauté, José María Quib. C’est pourquoi nous avions besoin de nous instruire, pour pouvoir nous défendre ”.

De l’initiative !

Les habitants de Peña Blanca refusèrent de continuer d’attendre que le gouvernement pense enfin à leur village oublié. Mais le principal problème pour installer l’école était que personne n’avait fait la primaire complète, inutile de parler de diplôme d’enseignant. Sans se décourager, la communauté poursuivit son idée et désigna pour enseigner une série de “ volontaires ” qui savaient lire, écrire et compter. Nous voulions leur transmettre le peu que nous savions ”, explique Pedro Quib, autre leader de la communauté.

Les habitants décidèrent de créer une association pour gérer  l’école, elle s’appela “ Xool Ixim ” (Cœur de maïs, en maya). Chaque famille payerait une somme mensuelle de 3 dollars pour couvrir les frais de matériel scolaire et verser un salaire symbolique aux volontaires.

Les parents élaborèrent un programme d’étude qui incluait des thèmes comme l’histoire de la communauté, les valeurs maya qeqchi, l’alphabétisation, les mathématiques de base et  le calendrier maya. Les leçons étaient faites en qeqchi avec l’espagnol comme seconde langue.

Les enfants apprirent que le conflit armé qui dura 36 ans au Guatemala avait anéanti des centaines de villages indigènes, et on leur demanda ensuite d’écrire sur ce thème des petits textes pour les  lire à haute voix en classe.

La volonté de continuer

Comme l’école de Peña Blanca n’avait pas été reconnue officiellement par  le Ministère de l’Education, une fois terminée leur éducation en primaire il était imposible aux enfants d’abandonner leur village pour continuer leur éducation secondaire ailleurs, puisqu’ils n’avaient pas la qualification formelle.

Cela ne découragea pas non plus Xool Ixim, qui décida d’envoyer les enfants à  l’école la plus proche pour leur faire subir l’examen officiel pour la secondaire. A la surprise de tous, tous les enfants de Peña Blanca réussirent l’examen et reçurent leur diplôme d’éducation primaire.

Actuellement, l’un de ces étudiants, Ismael Quib, étudie la sylviculture à  l’Université Rafael Landivar à Cobán. Un autre étudiant, Fredy Quib, a obtenu une bourse pour étudier en secondaire au Canada et ensuite les Relations Internationales dans une université aux Etats-Unis.
Les maîtres de Peña Blanca obtinrent aussi leur diplôme de primaire puis ils étudièrent la pédagogie grâce à une subvention de l’organisation internationale Niños del Mundo. José María Quib achève sa maîtrise de pédagogie.

Après des années de lutte, le Ministère de l’Education accepta de payer aux enseignants de Peña Blanca un salaire de 75 dollars mensuels et l’école fut reconnue comme Ecole Officielle d’Education Rurale.

Situation de l’éducation bilingue au Guatemala….

Actuellement ce modèle réussi d’éducation bilingue de Xool Ixim est utilisé dans cinq petites localités de Cobán. Xool Ixim est le meilleur exemple pour montrer combien l’éducation bilingue est importante pour les communautés indigènes. Environ 50 % des enfants, garçons et filles, des zones rurales indigènes désertent l’école à cause de la langue : on les oblige à apprendre dans une langue qui n’est pas la leur ” soutient le Ministre de l’Education Bienvenido Argueta. Mais le plus important de tout, c’est l’affirmation des identités politiques que comporte l’apprentissage en langue maya. Ils sentent que leur langue n’est pas reconnue dans les écoles, c’est pratiquement la négation de leur identité. ”

Bien que 40,5 % de la population guatémaltèque soit indigène, le système éducatif ne dispose que de 7000 maîtres bilingues pour s’occuper de plus de 900 000 enfants mayas. Argueta admet que le pays en nécessite 55 000.

.…et dans le reste de l’Amérique Centrale.

La majorité des pays centro-américains affronte la même situation. Les 7 groupes indigènes du Panama ( ngöbe buglé, kuna, emberá, wounaan, naso, teribe et bribri) qui constituent 6 % de la population du  pays, ont été les premiers de la région à lutter pour leurs droits culturels. En 1975, le Ministère de l’Education établit le programme pour le Développement de l’Education Bilingue, qui s’appela ensuite Système d’Education Interculturel Bilingue.

Les 8 groupes indigènes du Costa Rica (hueta, chorotega, teribe, brunka, guaimi, bribri, cabecar et malekuque) totalisent 1,7 % de la population du pays et vivent dispersés sur 24 territoires, principalement dans la cordillère de Talamanca, près de la frontière du Panama. Les droits à  l’éducation bilingue ne sont pas reconnus par la Constitution  mais le sont par les écoles publiques et les programmes universitaires d’éducation interculturel bilingue.
Au Nicaragua, l’éducation bilingue pour les communautés indigènes miskitos du pays  (environ 6 % de la population du  pays) a été mise en place par la Révolution Populaire Sandiniste des années 80. Cependant les maîtres nicaraguayens des zones rurales continuent de sentir qu’ils ont été oubliés par le Ministère de l’Education car celui-ci propose rarement des cours de formation spécialisée pour les maîtres miskitos et les écoles de la côte caribéenne sont mal équipées, manquant de meubles et de matériel de base.

Il y a trois ans, l’Université des Régions Autonomes de la Côte Caraïbe du Nicaragua a formé 35 maîtres indigènes des communautés du Río Coco, qui reçurent le Diplôme de Technicien Supérieur d’Education Bilingue et Interculturelle.  Dans leur foyer, les enfants apprennent à parler en miskito mais quand ils arrivaient à l’école on leur enseignait l’espagnol, cela les perturbait ! Les livres ont été traduits dans leur langue maternelle et on y a inclus des thèmes autochtones des Caraïbes nicaraguayennes ”, explique le maître Norberto Bob.

Au Honduras, l’éducation bilingue est arrivée tardivement, en 1997, et le pays n’a qu’une vingtaine d’écoles pour les enfants garifunas des communautés afro-caribéennes. 7 % des Honduriens sont indigènes. Les efforts pour éradiquer le racisme dans le système éducatif incluent un cours pour former 25 maîtres bilingues tawahka, réalisé par l’Université Nationale Autonome du Honduras et l’Institut Hondurien d’Anthropologie et d’Histoire.

Le Salvador n’a plus que 5 petites communautés indigènes  ( pipil, xinca, pokomam, chorti et lenca) qui constituent 1 % de la population salvadorienne. Parmi ces indigènes, 99 % sont analphabètes du fait de la grande pauvreté de ces communautés et de l’absence totale de programmes éducatifs officiels bilingues.

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