(Inter Press Service)
Les prochaines élections présidentielles du 17 novembre seront disputées par la socialiste Michelle Bachelet et la candidate d’extrême droite Evelyn Matthei. Au Chili il n’existe pas de loi de quotas facilitant la présence féminine dans les charges électives, et durant le précédent mandat de Michelle Bachelet (2006-2010), les partis politiques ont rejeté le projet qu’elle présentait dans ce sens. La candidature des deux femmes représente déjà une avancée vers l’égalité de genres : vingt ans plus tôt cette situation était impensable.
Michelle Bachelet, médecin pédiâtre de 61 ans, a dirigé la section Femmes de l’ONU. Elle est la candidate de la coalition Nouvelle Majorité, qui réunit les membres des Partis pour la Démocratie (Socialiste, Démocrate Chrétien, Pour la Démocratie et Radical Socialdémocrate ) avec les communistes, la Gauche Citoyenne, le Movimiento Amplio Social et les Indépendants.
L’ex-mandataire fut élue avec 73 % des voix lors des primaires obligatoires de fin juin.
Evelyn Matthei, 59 ans, est économiste et fait partie de l’Union Démocrate Indépendante (UDI). Elle fut jusqu’en juillet dernier ministre du Travail sous l’actuel gouvernement de Sebastian Piñera.
Les Chiliennes ont pu voter pour la première fois en 1952, trois ans après avoir obtenu le droit de vote. Les femmes représentent plus de la moitié des 17,5 millions d’habitants du Chili, 53 % des électeurs et 43 % de la main d’œuvre.
Les deux candidates se connaissent depuis l’enfance : leurs pères étaient amis et tous deux généraux des Forces Armées, mais la dictature sépara leurs destins. Le général Fernando Matthei fit partie de la Junte Militaire qui agissait comme pouvoir législatif, tandis que Alberto Bachelet, qui participait à la distribution alimentaire sous le gouvernement d’Allende, fut emprisonné par ses camarades d’armes qui l’accusèrent de « trahison à la patrie ». Il mourut en captivité après de terribles tortures.
Michelle Bachelet a raconté que depuis le toit de l’Ecole de Médecine où elle étudiait, elle voyait les avions de la Force Aérienne bombarder le palais du gouvernement où se trouvait Allende. A cette époque, Evelyn Matthei prenait des cours de piano en Grande Bretagne. Puis elle travailla comme traductrice à l’ambassade du Chili de Londres, tandis que Michelle Bachelet aidait les persécutés politiques, activité qui lui valut d’être détenue en 1975, en même temps que sa mère, et transportée vers un centre de détention illégal où elle fut torturée.
« Il y a un projet de pays qui veut continuer sur la même voie que le gouvernement actuel, et un autre projet qui veut des changements structuraux pour faire face avec détermination aux inégalités, et c’est ce dernier que je représente », déclare Michelle Bachelet.
« Evelyn Matthei a certes une trajectoire politique, mais elle ne prend pas en compte les revendications des femmes, elle ne l’a jamais fait. En tant que sénatrice, elle avait une position plus ou moins libérale sur l’avortement thérapeutique, mais depuis qu’elle est candidate elle a changé radicalement de posture, en déclarant que c’est un thème complexe et que la majorité de son mouvement n’y est pas favorable ».
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