EL SALVADOR: Un plan pour freiner la violence des « pandillas ».

(Adital – Noticias Aliadas)

Depuis plus de deux décennies, après une guerre civile qui laissa plus de 70 000 morts dans ce pays de 6,2 millions d’habitants, les Salvadoriens ont subi l’assaut d’une criminalité débordante, comme leurs voisins du Guatemala et du Honduras. Le Salvador est l’un des pays les plus violents du monde. En 2014 on enregistra 3912 assassinats, soit une augmentation de 57 % par rapport àl’année précédente. Alors que le taux moyen d’homicides est de 6,2 pour cent mille habitants au plan mondial, et de 29 pour l’ensemble de l’Amérique Latine, le Salvador atteint un taux d’assassinats de 63 pour cent mille…
Les gouvernements de droite qui dirigèrent le pays durant l’après-guerre réagirent par une politique de « mano dura » qui fut un échec.
Les affrontements de « pandillas » sont l’une des principales causes des violences.

Les « pandillas », « maras » etc.
Les « pandillas », ou « maras » sont des bandes de jeunes délinquants marginaux, généralement couverts de tatouages . On estime le nombre des « pandilleros » salvadoriens à 60 000. L’origine de ces groupes est attribuée à l’immigration des jeunes centro-américains qui s’enfuyaient des conflits armés d’Amérique Centrale et s’installaient aux Etats-Unis dans les années 80. Renvoyés par les Etats-Unis dans leur pays d’origine, ils rapportèrent avec eux la culture qu’ils avaient développée là-bas. Les pandillas pratiquent l’extorsion de fonds, sont rivales et cherchent à enrôler d’autres jeunes sous la menace. Les plus connues sont sans doute la mara MS-13 (Mara Selvatrucha13), Barrio 18, La Maquina, etc. Les querelles entre pandillas ont le plus souvent pour but de porter préjudice aux membres notoires de la pandilla adverse.

La réputation d’une pandilla dépend en partie des caractéristiques de son barrio d’origine et des membres de la bande. La pandilla a une structure bien définie, avec des sous-groupes selon l’âge. Tout pandillero commence par le niveau le plus bas, celui des moins de 13 ans.Il passe ensuite au groupe des 13-17 ans et finalement à celui des plus de 18 ans. Ces sous-groupes opèrent généralement séparément, mais ne se battent jamais entre eux et s’unissent quand le barrio est en danger, quand il est attaqué par la pandilla d’un autre barrio ou pour molester les gens durant les fêtes populaires.

A son entrée dans la pandilla, le garçon subit un rite initiatique,( par exemple il doit voler un certain nombre de choses sur le marché et les revendre ensuite sans se faire pincer). Quand un pandillero arrive à 22-24 ans, soit il fonde une famillle « par accident », et pour prouver qu’il est responsable, il cesse d’être pandillero et vit souvent en chômeur, soit il entre dans le monde de la criminalité dure.

Le comportement des pandilleros est très caractéristique : ils vont au-devant du danger, ce qui est typique de la culture machiste, qui idéalise le goût du risque et la démonstration publique de courage en toute occasion. Dans les affrontements, les pandillas se comportent comme une organisation quasi militaire. Elles s’organisent en « compagnies », se protègent mutuellement, il existe une réserve, on élabore généralement un plan de bataille avec une stratégie et les replis s’organisent de manière très ordonnée. Les armes apportées au combat sont la propriété de chaque individu. Leurs armes vont de leurs propres mains nues jusqu’aux fusils A -47 et aux grenades à fragmentation. En général ils utilisent des pierres, des bâtons, des tuyaux, des poignards et des mortiers. Les armes à feu, mitraillettes et pistolets, ne sont pas les plus usuelles dans les batailles entre pandillas. Elles sont surtout utilisées pour les attaques et les vols.

La « trêve » entre maras
En 2012, le gouvernement salvadorien avait obtenu la promesse d’une trêve entre les deux principales « maras »: la MS-13 et Barrio 18. Ce pacte, qui dura environ un an, avait fait baisser sensiblement le nombre d’homicides dans le pays : de 70 homicides pour cent mille habitants, on arrivait à 40 seulement en une année. Mais l’accord entre ces structures délinquantes fut durement critiqué par une bonne partie de la société, qui voit chaque jour les pandilleros attaquer et extorquer le citoyen moyen.

Une autre tentative connut aussi l’échec: plusieurs maras avaient conçu un communiqué commun, et l’avaient distribué à la population : « Nous lançons au niveau national un geste unilatéral de bonne volonté, qui cherche à contribuer à la réduction de la violence ». Mais le gouvernement et le CNSCC (Consejo Nacional de Seguridad y Convivencia) ont refusé de négocier avec les maras sous l’argument qu’il s’agit de structures criminelles qui doivent être poursuivies par l’Etat.… « Il est positif qu’ils ne commettent plus de crimes dans le cadre de la trêve, mais les poursuites doivent continuer de fonctionner…Comment pouvons-nous avoir confiance dans les accords que ces groupes délinquants peuvent avoir entre eux ? »

Les mesures actuelles contre la criminalité.
Le président Sánchez Cerén lance des mesures prioritaires pour réduire la criminalité. Il s’agit d’un plan ambitieux et onéreux, et d’autres projets similaires ont déjà échoué par manque de ressources. Obtenir les fonds nécessaires apparait donc comme le grand défi.
Le 15 janvier, le CNSCC a remis au Président un rapport exposant les 124 mesures prioritaires que le gouvernement devrait mettre en marche pour réduire le crime dans le pays. Le CNSCC se compose de fonctionnaires du gouvernement, de représentants d’organisations de la société civile et de la coopération internationale. La coordination technique est assurée par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement).
En principe, le financement du plan proviendra du Budget Général de la Nation, de prêts internationaux en cours d’approbation par le Congrès, d’apports privés et de la coopération internationale.

Parmi les principales mesures : intervention de l’Etat dans 50 municipios considérés comme les plus violents, en mettant en place des projets éducatifs, de santé et d’emploi. On y investirait durant les 5 années à venir 500 millions de dollars pour créer 250 000 postes de travail pour des jeunes. 250 autres millions seraient destinés à la création d’espaces sportifs, cuturels et récréatifs, nécessaires pour sortir les jeunes des cercles de violence.

Des propositions concrètes ont également été formulées pour approuver de nouvelles lois destinées à freiner le délit, comme celle d’interdire que les compagnies téléphoniques maintiennent en activité des téléphones qui ont été volés, parce que le majorité des extorsions – l’un des délits les plus courants dans ce pays – se réalisent à partir d’appels de téléphones volés.
Des membres du CNSCC ayant constaté qu’il était possible de dialoguer, – sinon de négocier -, avec les pandillas, des réunions ont été prévues avec des dirigeants de maras prisonniers, ce qui pourrait marquer le début d’un rapprochement . A suivre donc…

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