VENEZUELA – COLOMBIE : Le conflit frontalier.

(Venezuela-Infos, de Thierry Deronne, du 30 août 2015, et Telesur du 30/08)

Le Venezuela a une longue frontière commune avec la Colombie. C’est une situation qui facilite les échanges, les migrations, mais aussi les trafics de toute sorte… Voici le témoignage de Thierry Deronne, journaliste  qui vit depuis vingt ans au Venezuela et nous transmet des informations sur la situation actuelle que des médias tendancieux ne font qu’envenimer…

« Ce village est un terrible résumé de ce que fut et de ce qu’est encore aujourd’hui, la Colombie d’Alvaro Uribe. Sauf qu’il se trouve du côté vénézuélien, à 300 mètres de la frontière et qu’il est ironiquement baptisé “La Invasión”. « Je fuyais les paramilitaires et je panique car ici je retrouve mes bourreaux » raconte un réfugié colombien. Avec ses caves secrètes pour cacher les victimes d’enlèvement, ses bordels où étaient violées des centaines de fillettes, “La  Invasión” est aussi une des nombreuses bases de la “para-économie” qui a phagocyté les  2.219 km de frontière entre les deux pays.

Depuis des années les réseaux de contrebandiers extraient chaque jour 30 % des produits subventionnés par le gouvernement bolivarien pour les revendre en Colombie au décuple, au centuple, avec la complicité de nombreux fonctionnaires des deux pays, militaires comme civils. Des millions de litres d’essence (alors que le Venezuela n’exporte pas de carburant en Colombie), des milliers de tonnes d’aliments, de médicaments, de véhicules et de pièces de rechange… jusqu’aux billets de banque vénézuéliens eux-mêmes, vendus au-delà de leur valeur pour repartir acheter dans le pays voisin tout ce qui peut faire du bénéfice en Colombie.

Le nord de la Colombie abrite une mafia composée de centaines de maisons de change, autorisées depuis 2000 par la Banque de Colombie, et de banquiers corrompus ayant fui la justice du Venezuela. A travers le site Dólar Today, ce réseau fixe la valeur du dollar parallèle, facteur d’inflation au Venezuela……

Un député colombien a dénoncé que des hôpitaux de Bogota font main basse sur les médicaments à bas prix destinés aux patients vénézuéliens, pour les revendre à leurs patients au prix du marché. 70 % des habitants de Cucuta, ville-frontière avec le Venezuela, vivent à temps plein de la manne du socialisme bolivarien, avec un bénéfice mensuel estimé à 9 milliards de dollars. Au Venezuela, un jerrican d’essence qui coûte un Bolivar est revendu en Colombie 15 000 Bolivars, et même 60 000 après fermeture de la frontière. Un litre de lait, qui coûte 200 Bolivars au Venezuela est revendu 14 000 en Colombie. »

**Avec un total de 5 700 000 habitants, le Venezuela héberge la deuxième communauté de Colombiens la plus grande après les Etats-Unis.
**De 2001 à 2015, 37 000 enfants d’origine colombienne ont étudié au Venezuela.
**Aucun Colombien résidant au Venezuela n’a été exclu du plan d’attention médicale.
**On estime que depuis 1975, le Venezuela a donné refuge à 1 200 000 Colombiens.
**Protégés par la Loi Organique des Réfugiés, depuis 2003 le Venezuela a donné le statut de Réfugié à 5991 Colombiens.
**Dans le cadre des missions sociales, sur les 700 000 maisons octroyées par la Mission « Vivienda Venezuela », 25 % ont été destinées à des citoyens colombiens résidant sur place.
**La chancelière colombienne, María Angela Holguin,  a reconnu ce 26 août que le Pape et le gouvernement du Venezuela « ont accueilli avec beaucoup de générosité leurs frères colombiens », et que beaucoup d’entre eux « considèrent le Venezuela comme leur maison ».

La grande presse, – toujours encline à diaboliser le Venezuela -, a annoncé avec empressement la prétendue « crise humanitaire » provoquée par le Venezuela à la frontière avec la Colombie en fermant partiellement cette  frontière et en reconduisant chez eux des citoyens de ce pays.

**Radio Telesur explique ce qui s’est passé sur la frontière entre les deux pays. Après avoir constaté une attaque dans l’Etat colombien de Táchira (le long de la frontière) contre trois effectifs des Forces Armées Nationales Bolivariennes du Venezuela, le président Nicolas Maduro ordonne la fermeture pour 72h de la frontière avec la Colombie.

**Comprenant que l’agression avait été perpétrée par des groupes paramilitaires, l’Exécutif vénézuélien décide de décréter l’Etat de siège dans 5 municipios de l’Etat colombien de Táchira, afin d’enrayer les agissements des groupes criminels liés à l’extrême droite, ainsi que la contrebande continuelle au profit de la Colombie.

**1118 Colombiens qui étaient au Venezuela sans papiers sont rapatriés. Le gouverneur de l’Etat de Táchira tient à affirmer que l’opération a eu lieu sans violences, beaucoup de ces personnes ayant décidé de retourner volontairement dans leur pays.

**De plus, des « réserves  d’approvisionnement » ont été démantelées, on y trouve des produits stockés : aliments, nettoyage, hygiène personnelle, qui étaient  destinés à la contrebande vers la Colombie

Au bout de six jours  les mesures prises par le gouvernement vénézuélien ont commencé à faire leur effet : On enregistre une baisse dans les « crimes communs », des produits commencent à réapparaitre dans les rayons, les files d’attente dans les stations services se réduisent…

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