PARAGUAY – Un peu d’histoire… La dictature du Paraguay

Les Paraguayens n’ont pas oublié la dictature de Alfredo Stroessner de 1954 à 1992.  Le 4 mai 1954 un coup d’Etat militaire installa au Paraguay une des dictatures les plus longues et sanglantes de l’histoire de l’Amérique Latine.

Le colonel Alfredo Stroessner, soutenu par les Etats-Unis, balaya le président en place et, une fois au pouvoir, se chargea de supprimer les garanties constitutionnelles, persécuta les partis politiques et mit en place un gouvernement répressif qui se déclara anti-communiste  et mena une politique extérieure favorable aux intérêts des Etats-Unis.

Pour les Etats-Unis, Stroessner fut un allié sûr dans la croisade « anti-communiste » à la fin des années 80. Il se maintint au pouvoir grâce à l’appui de l’armée, des élites économiques et de la direction du Parti Colorado. Sur le plan politique, une série de purges lui facilitèrent le contrôle et  la dictature.

Le régime de Stroessner continua jusqu’à ce que le gouvernement de Ronald Reagan commence à le boycotter, une fois la « guerre froide » terminée et le système de Stroessner devenu inutile.

Selon la Commission Vérité et Justice, durant les 35 ans de dictature on a enregistré : 19 862 détentions, 180 772 cas de tortures, 236 mineurs privés de liberté, 20 814 exilés politiques, 459 disparitions forcées et un total de 128 076 victimes directes ou indirectes. Des milliers de Paraguayens furent emprisonnés illégalement par la dictature. Celle-ci prit fin avec le coup d’Etat du général Andrès Rodriguez.

Après son renversement, Stroessner abandonna le Paraguay et s’installa au Brésil où il mourut en août 2006 à 93 ans.

Le plan CONDOR

Définition. Ce fut une coordination répressive, ou de conspiration entre les services d’intelligence des dictatures qui gouvernaient les pays du Cône Sud (Argentine, Chili, Uruguay, Brésil, Paraguay, Bolivie) en coordination avec les Etats-Unis et la CIA.

En quoi consiste ce plan ? Il s’agit d’une opération orchestrée dans les décennies 70 et 80 dans le cadre de la « Guerre Froide » ; elle eut comme principal acteur le général chilien Pinochet, en concordance avec d’autres dictateurs de l’époque. L’opération consiste à parvenir à échanger des informations entre pays impliqués, sur de possibles subversions.

L’intention était de réprimer et de poursuivre tout ce qui faisait opposition politique aux régimes dictatoriaux du cône sud, concrètement cela signifiait : éliminer les ennemis politiques pour installer des politiques néolibérales, le principal objectif étant de lutter contre le communisme et d’éviter son expansion dans la région.

Comment s’exécute ce plan ? A travers des opérations d’intelligence ou des forces armées des pays participants. Elles se déplacent librement sur le territoire des autres, pour séquestrer, faire disparaitre ou assassiner leurs concitoyens.

Qui étaient les principaux acteurs ? Des documents déclassifiés révèlent que le Plan Condor fut lancé après une réunion à Santiago de Chili entre Manuel Contreras, chef de la DINA (Direction de l’Intelligence Nationale), exécuteur policier et secret de la répression installée par Pinochet, et les leaders des services d’intelligence militaire d’Argentine, de Bolivie, du Paraguay et de l’Uruguay (ces derniers ayant des gouvernements militaires).

Les archives de la terreur révèlent aussi que d’autres pays comme le Pérou, la Colombie (avec l’organisation paramilitaire connue sous le nom de Alianza Americana Anticomunista) et le terroriste Luis Posada Carriles, ont participé à des opérations.

Le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Henry Kissinger, est aussi considéré comme l’idéologue de cette action répressive, en permettant que la CIA donne des instructions au chef de la DINA et utilise pour cela l’Ecole des Amériques.

Quelles furent les conséquences de cette opération ? Selon les « archives de la terreur », découvertes par l’avocat Martin Almada au Paraguay en 1992, le Plan Condor causa 50 000 morts, environ 30 000 disparus et 400 000 prisonniers. Il faut y ajouter les tortures, le transfert des détenus vers d’autres pays et la vigilance constante des ennemis politiques.

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