Brèves – Janvier 2018

(Editorial de la revue trimestrielle SOLAL, éditée par
le Comité Amérique Latine de Caen)

HONDURAS. Ce pays n’a jamais pu s’émanciper de la tutelle de Washington; base arrière du renversement de Jacobo Arbenz au Guatemala en 1964, puis « porte-avion des USA » pendant la guerre des années 80 contre le Nicaragua sandiniste, il a subi un coup d’Etat en 2009 contre un président coupable de rapprochement avec l’ALBA et de prendre des mesures sociales en faveur de son peuple. Depuis, la dureté répressive, sociale et politique a été incessante; le pays connait un record d’assassinats de leaders sociaux, journalistes et défenseurs des droits humains. Tous les scrutins, depuis, se font dans un cadre politique illégal, bien qu’entériné par la « communauté internationale ». Et le dernier scrutin présidentiel est plus que suspect de fraude massive. Après deux semaines de contestation, Juan Orlando Hernandez de la droite putchiste est déclaré officiellement vainqueur avec 42,95% contre 41,24% à Salvador Nasralla de l’opposition à la dictature.

COLOMBIE. En conflit armé depuis plus de 50 ans, la Colombie vient de signer les accords de paix après 4 ans de négociations à Cuba. Le conflit avait fait plus de deux cent mille victimes et plusieurs millions de déplacés. Certes on devrait se réjouir de cet accord entre le gouvernement Santos et la guérilla, mais la suite est moins gaie. Rien n’indique que les causes profondes du conflit, notamment la question de la terre, soient en voie de résolution. Les FARC sont désarmées et vont entrer dans la vie civile, mais avec quelles garanties ? Une telle tentative dans les années 85 avait donné lieu à un massacre massif de ses cadres. Qu’en sera-t-il de leur insertion sociale, du paramilitarisme, officiellement disparu alors qu’il se réactive, de la justice avec une partie de l’appareil judiciaire et politique impliqué dans les trafics, du dossier des « faux positifs », des basses œuvres du gouvernement d’Uribe, lui-même ouvertement hostile aux accords de paix ? Qu’en sera-t-il de la politique de Santos excessivement militarisée et hostile au Venezuela?

VENEZUELA. Soumis à un conflit politique intense par une droite radicalisée et un pouvoir économique qui organise les pénuries avec l’appui des Etats-Unis (qui ne cachent pas leur hostilité envers tous les gouvernements depuis la 1ère élection de Chávez.) Dans ce sombre tableau un peu de lumière avec trois scrutins gagnés par le gouvernement Maduro depuis juillet dernier.

CHILI. Soumis à des politiques néolibérales continues depuis Pinochet et les 20 ans de retour à la démocratie, le pays vient d’élire un nouveau président de droite Sebastián Piñera ( déjà président entre 2010 et 2014) contre Alejandro Guillier social-libéral. L’absence d’enjeu au second tour a surtout favorisé l’abstention à plus de 55%. Le seul bon résultat de ces élections sont les 20% au premier tour de Beatriz Sanchez du Frente Amplio portant sur le retour dans le domaine public des retraites, de l’éducation et des ressources, et l’appel à une Assemblée Constituante.

ARGENTINE . Le gouvernement de Macri a un bilan social désastreux, il a été marqué par la mort de Santiago Maldonado, un jeune homme appuyant la lutte du peuple Mapuche dépossédé de ses terres par la multinationale Benetton. Cet assassinat a eu un grand retentissement dans la population car il rappelle les pires heures de la dictature militaire. Il y a en ce moment une tentative de procès contre Cristina Fernandez pour l’écarter de la prochaine présidentielle. (Comme pour Lula au Brésil). Ces deux ex-présidents avaient cependant mis en œuvre des politiques redistributives et œuvré à l’unification latino-américaine, avec le Venezuela et l’Alba, politique contraire aux desiderata de Washington.

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(Brèves extraites de Noticias Aliadas, trad. B. Fieux)

Amérique Latine – Caraïbes.
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) a présenté le 5 décembre son « Rapport sur la pauvreté et les droits humains en Amérique », le premier à aborder cette thématique. Même si, signale la CIDH,  » dans la dernière décennie des avancées importantes ont été réalisées en matière de droits sociaux, économiques, culturels et environnementaux, qui ont permis à de grands secteurs de la population de sortir de la pauvreté », ces avancées sont en risque de recul en Amérique Latine et Caraïbes. Pour la CIDH, il existe une interdépendance entre droits civils et politiques, et elle  » a aussi établi clairement le lien qui existe entre le droit à la santé et le droit à l’éducation, en les considérant comme piliers fondamentaux qui peuvent garantir une vie digne. » La pauvreté affecte environ un tiers des 650 millions d’habitants de la région, surtout des femmes, des enfants et adolescents, des indigènes, des afrodescendants, des personnes privées de liberté, des personnes handicapées, et la population LGBTI. (Noticias Aliadas)

Amérique Latine – Caraïbes.
38,6% de la population d’Amérique Latine et Caraïbes , soit 241 millions de personnes, ne dispose d’aucun type de protection sociale, tandis que les 61,4% restants ont droit à des prestations dont la protection effective est très basse, assure l’OIT (Organisation Internationale du Travail) dans le « Rapport Mondial sur la Protection Sociale 2017-2019 » publié le 4 décembre. Travailleurs ruraux, indépendants, des microentreprises et travailleuses du foyer sont exclus de la protection sociale ou possèdent une couverture effective très basse du fait des limitations structurelles des économies nationales et de la forte incidence du travail informel. La moyenne de la dépense totale en protection sociale, sauf la santé, se situe environ à 16% du PIB régional. Cette protection implique l’accès à l’assistance médicale , spécialement en cas de vieillesse, chômage, maladie, invalidité, accidents du travail ou maladies professionnelles, maternité, ou perte du principal générateur de revenus de la famille. (Noticias Aliadas)

Argentine.
La justice en Argentine « vient de franchir un grand pas en matière de droits humains après avoir condamné 29 bourreaux à la prison à perpétuité pour avoir commis des délits de lèse humanité au centre clandestion de détention de l’ESMA (Ecole de Mécanique de l’Armée) durant la dernière dictature (1976-1983) et pour avoir jeté vivants à la mer les prisonniers dans les vols de la mort », indique Amnesty International dans un communiqué du 1. décembre. Les organisations de droits humains ont calculé qu’environ 4000 personnes furent lancées à la mer après avoir été droguées. Le jugement, commencé en 2012 et conclu le 30 novembre 2017, est la 3e partie de la méga-cause de l’ESMA, constituée de neuf procès judiciaires pour crimes de lèse-humanité commis dans ce centre de détention. Le premier jugement eut lieu en 2007 contre le préfet Hector Febres, mais fut suspendu par le suicide de l’accusé dans sa cellule, et le second se termina en 2011 avec 16 condamnations incluant l’ex-capitaine Jorge Acosta et l’ex-lieutenant Alfredo Astiz. Tous deux furent condamnés à la prison à perpétuité. (Noticias Aliadas)

 

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