BRÉSIL – Le compte rendu du Rapporteur spécial de l’ONU accablant

17 janvier 2020, par CETIM – Communiqué

Brésil : Le Rapporteur spécial de l’ONU exhorte le gouvernement et les multinationales à prendre leur responsabilité

16 janvier 2020 – Dans un compte rendu émis à l’issue de son voyage au Brésil en décembre 2019, le Rapporteur spécial sur la gestion et l’élimination des produits et déchets dangereux a clairement évoqué la responsabilité de la multinationale Vale et du gouvernement brésilien dans le drame du barrage de Brumadinho en janvier 2019.

En mars dernier, le CETIM saisissait le Conseil des droits de l’homme de l’ONU suite à la rupture du barrage de Brumadinho, propriété de la multinationale Vale, dans l’état du Minas Gerais. En collaboration avec les représentants des populations affectées brésiliennes présents à Genève (en particulier le Mouvement des affectés par les barrages, MAB), le CETIM dénonçait la responsabilité de Vale dans ce drame d’ordre criminel et organisait une rencontre avec différents Rapporteurs spéciaux pour leur demander de se rendre sur place pour enquêter (voir article paru dans le bulletin no 59 du CETIM).

Aujourd’hui, le CETIM est heureux que le Rapporteur spécial sur les incidences sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux, Baskut Tuncak, se soit rendu au Brésil. Dans un premier compte rendu publié suite à son voyage, il prend position dans notre sens et énonce clairement que la multinationale Vale aurait pu empêcher la rupture du barrage de Brumadinho.

« Après avoir recueilli pendant cinq ans les témoignages de communautés dont les droits ont été bafoués par les milieux d′affaires, en tant que rapporteur spécial de l’ONU, je n’ai jamais vu ou entendu un traumatisme aussi grave que celui que vit la communauté de Brumadinho. » indique Baskut Tuncak.

Le 25 janvier 2019, 272 personnes ont péri à la suite de la rupture du barrage de Córrego do Feijão, à Brumadinho. Près de 10 millions de mètres cube de boue ont enseveli les victimes. Parmi elles, plus de 200 étaient des employés de Vale, en train de prendre leur pause à la cafétéria attenante au barrage.

Le Rapporteur spécial souligne : « D’après ce qui m’a été confié par la communauté, il est clair que les victimes ne sont pas seulement les 272 mères, pères, fils, filles, maris, femmes et enfants à naître qui sont morts. Loin de là. C’est toute la communauté qui a été touchée. »

Un crime « évitable et prévisible »

Le constat du Rapporteur spécial sur la rupture du barrage est sans appel : « (…) ce qui s’est passé à Brumadinho doit être investigué en tant que crime. Ce n’était pas un accident. Comme de nombreuses personnes au Brésil et ailleurs, je pense que ce désastre était “évitable et prévisible”. »

Pour appuyer son propos, le Rapporteur spécial se réfère à un autre drame, lui aussi non accidentel, celui de la rupture d’un barrage opéré par Samarco, joint venture de Vale et BHB Billiton à Mariana, dans le bassin du Rio Doce.

Baskut Tuncak rappelle aussi l’obligation de l’État de protéger les droits humains de leur population face aux activités commerciales et de ne plus s’appuyer sur les informations transmises par les milieux d′affaires, ceux-ci ayant totalement perdu leur crédibilité depuis les catastrophes des barrages.

Substances dangereuses

Dans son compte rendu, le Rapporteur spécial se montre vivement préoccupé par l′utilisation massive de substances dangereuses au Brésil et décrit les graves conséquences sur la santé et l’environnement. « (…) des milliers de décès prématurés, des millions de malades et d’invalidités résultent d’expositions évitables à la pollution toxique et à d’autres substances et déchets dangereux, notamment le rejet d’eaux usées non traitées le long de certaines parties des plages du nord-est. Cependant, beaucoup de personnes ne savent même pas qu’elles sont des victimes. »

Le Rapporteur rappelle que l’information concernant les substances dangereuses est un droit humain, en particulier pour les personnes victimes à qui on bloque l’accès aux études et rapports, comme ça a été le cas dans le désastre de Mariana, par exemple.

Cercle vicieux

Baskut Tuncak s’inquiète particulièrement de « la tendance à ignorer les profondes répercussions de l’expansion économique sur les droits des peuples autochtones qui dépendent de l’environnement et de la biodiversité. »

Il se montre aussi vivement préoccupé par la situation des défenseurs de l’environnement au Brésil, « classé comme le pays le plus meurtrier » pour eux. « Les communautés touchées sont prises dans un cercle vicieux : soit elles risquent la mort en raison de leur exposition à la pollution toxique, soit elles risquent la mort pour avoir défendu leur droit à un environnement sain. Je prends note des affirmations selon lesquelles le nombre de décès de défenseurs des droits de l’homme a diminué. Cependant, je ne suis pas convaincu que cela soit vrai et il est très préoccupant de constater que les attaques, les intimidations et les menaces ont augmenté. », déclare le Rapporteur spécial.

Lire la suite du communiqué sur le site du CETIM

Voir en ligne : CETIM

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