Bases militaires nord-américaines en Colombie : le rejet. (oct. 09)

Bases militaires  nord-américaines en Colombie : le rejet. (oct. 09)
(Sources : www.prensamercosur.org et www.jornada.unam.mx)

Le Brésil espérait qu’avec la fermeture de la base militaire de Manta en Equateur, la présence nord-américaine dans la région se réduirait… Mais en fait elle passera d’une base en Equateur à … sept bases en Colombie! L’UNASUR est en alerte. L’UNASUR, (Union des nations sud-américaines), organisation supranationale économique et politique, comprend les douze pays d’Amérique du Sud. Elle a été créée dans un contexte d’opposition à  l’ingérence nord-américaine en mai 2008 à Brasilia, et présidée pour un an par Michelle Bachelet. Les présidents sud-américains réunis récemment à Bariloche ( Argentine) se sont prononcés contre le plan de Uribe (Colombie) qui accepterait la présence militaire nord-américaine dans 7 bases situées sur son territoire.

La polémique avait obligé le Président colombien Alvaro Uribe à effectuer des visites-éclairs auprès des autres mandataires d’Amérique du Sud dans l’espoir de les convaincre du bien-fondé de son initiative. Il réussit à convaincre le Président péruvien Alan Garcia et Michelle Bachelet au Chili. Mais depuis la franchise habituelle du président venezuelien Hugo Chávez jusqu’à l’opinion plus modérée du Brésilien Lula da Silva, tous les autres exprimèrent d’une manière ou d’une autre  leur rejet de la présence nord-américaine en Colombie. Le Président bolivien, Evo Morales, fut l’un des plus clairs : « Je viens avec un mandat, de cette lutte originaire et des centrales syndicales, de refuser toute installation de bases militaires étrangères en Amérique du Sud ». Le paraguayen Fernando Lugo déclara : « c’est la sécurité de nos pays qui est en jeu » et souligna la nécessité que  « aucun événement ne puisse mettre en danger les démocraties ».

Pourquoi la Colombie est-elle si importante pour les Etats-Unis ? Le narcotrafic laisse des profits astronomiques et celui qui contrôle le pays profite du négoce. L’argument principal des Etats-Unis et de la Colombie est qu’un accord est nécessaire pour accroître la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme. En outre selon eux il n’existe aucune menace pour les pays voisins. Bogotá et Washington nient que les opérations puissent être extérieures à la Colombie, et assurent que les nord-américains seront sous les ordres d’un officier colombien. Les effectifs ne devraient pas dépasser 600 militaires et 800 membres du personnel d’intelligences.

Il faut préciser que les Nord-Américains travaillant sur les bases colombiennes jouiront de l’immunité diplomatique, et ne pourront être poursuivis ni jugés par la justice colombienne pour aucun délit.

Les 7 bases colombiennes remplaceraient donc la base équatorienne de Manta : trois bases aériennes, deux terrestres et deux navales, donnant sur l’Atlantique et sur le Pacifique.
Au centre du  pays, l’une des plus importantes, la base de Palanquero, est un complexe militaire  dont la « citadelle » peut héberger 2000 personnes. La base dispose d’une piste d’atterrissage de 3500m sur 600, permettant le décollage de plusieurs avions en même temps, ainsi que d’une barrière de freinage pour les avions atterrissant à grande vitesse. Ses deux hangars ont chacun une capacité de 50 à 60 avions. Des radars ont été installés par des techniciens états-uniens. Ce réseau a servi à l’armée colombienne pour des opérations anti-guérilla, comme le bombardement du campement de Raul Reyes. Pour le repos des uniformes, la citadelle compte aussi un casino, des restaurants, un supermarché, un hôpital et un théâtre.

La base aérienne de Malambo est située près de Barranquilla, position privilégiée pour agir dans les Caraïbes. Elle dispose d’avions Mirage M5 français, et de Kafirs israéliens. Ses chasseurs-bombardiers effectuent des missions tactiques dans la zone nord.

La base de Larandia, située dans le département de Caqueta, est prévue pour exécuter des plans ambitieux  comme le plan Omega qui fut l’une des plus grandes offensives anti-guérilla, et le Plan Patriote destiné à traquer les FARC. De cette base, l’accès est aisé aux forêts du Sud du pays, qui s’étendent jusqu’au Brésil et aux plaines orientales limitrophes du Venezuela.… C’est précisément sur ces terres que se déroulent souvent les combats contre le narcotrafic et les guérillas. « Lutter contre le narcotrafic » et « ne pas toucher aux pays voisins » semble donc difficilement compatible, et les craintes des pays voisins se justifient par les prétextes déjà utilisés dans le passé : le rapprochement de Hugo Chávez avec les dirigeants des FARC, le bombardement colombien en territoire équatorien, les spéculations sur le financement des FARC à la campagne du président équatorien Correa, la prétendue aide militaire de l’armée venezuelienne aux FARC…

Le document de base de l’UNASUR veut « renforcer l’Amérique du Sud comme zone de paix, les pays membres s’engageant à établir un climat de confiance  mutuelle en matière de défense et de sécurité, en s’abstenant de recourir à la menace ou à l’usage de la force contre l’intégrité territoriale d’un autre Etat de l’UNASUR… la non-ingérence dans les affaires internes des peuples pour garantir l’intégration régionale… la paix et la préservation des ressources naturelles »…

Les Etats-Unis ont 865 bases militaires dans 40 pays du globe (+ les 7 de Colombie) avec un déploiement de 190 000 soldats dans plus de 46 pays ou territoires. Peut-on croire que les bases colombiennes ont seulement pour objet de vaincre le narcotrafic, qui ne fait d’ailleurs que croître malgré le Plan Colombie, déjà appliqué depuis dix ans ? ?

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