BOLIVIE (1) Evo Morales, Président indigène parmi … les indigènes. (novembre 2011)

(www.ipsnoticias.net/)

La pression sociale obligea le président bolivien  Evo Morales à suspendre la construction d’une route de 177 km qui devait traverser un territoire protégé et riche en ressources  naturelles. Le territoire  concerné  est dénommé TIPNIS : Territoire Indigène et Parc National Isidoro Secure. Situé entre les départements du Beni et de Cochabamba, il s’étend sur environ 12 000 km2. Depuis 1990 il a le double statut de Zone Protégée et de Territoire Communautaire d’Origine (TCO).
Actuellement sa population est de 9758 personnes, avec quatre groupes culturels : yuracaré, mojeños, chimanes, et le dernier groupe est constitué de “ colons ” andins, aymaras et quechuas venus de l’Altiplano. Les relations inter-ethniques ne sont pas toujours simples du  fait des différences culturelles et dans les pratiques productives. Mais actuellement un processus d’organisation socio-politique intéressant commence à se développer entre les trois premiers groupes.
Il est important de préciser que le projet de cette  route répondait à une réclamation historique de certains groupes indigènes et non à la volonté du Président Morales, comme l’ont affirmé quelques médias et groupes politiques qui avaient “ récupéré ” cette revendication indigène. Tous les groupes indigènes n’ont pas la même vision à ce sujet.
Les travaux avaient été prévus avec l’appui d’un crédit de 330 millions de dollars, concédé par la banque brésilienne BNDES (Banque Nationale de Développement Economique et Social). La réalisation était confiée à une entreprise brésilienne. La route aurait pour ambition de faciliter l’accès aux communautés éloignées et serait un  facteur de développement.

Le 15 août dernier, 600 indigènes boliviens, appartenant à 60 communautés de trois ethnies différentes, entreprirent une marche en direction de La Paz pour refuser la seconde tranche de la construction de la route qui devait traverser le TIPNIS. Les indigènes signalent que cette construction affecterait la biodiversité du parc et leurs territoires ancestraux.

Le 25 septembre les marcheurs furent fortement réprimés par la police près de Yucuma ( Beni), opération qui déclencha la démission de 4 fonctionnaires du gouvernement.
Le principe essentiel d’Evo Morales est de “ gouverner en écoutant le peuple ”. Quand il vit aux portes du gouvernement de La Paz  les centaines d’enfants, de  femmes et d’hommes habitant le TIPNIS qui arrivaient après avoir marché 600 km en 66 jours, Evo décida de suspendre les travaux jusqu’à la consultation de la population sur cette construction. Il créa aussi une commission de haut niveau pour enquêter sur la répression dont les marcheurs avaient été l’objet.

Dans un entretien avec des leaders de la marche, Morales évoqua l’idée de proposer une  loi  “ d’intangibilité ” établissant qu’aucune route ne devrait traverser ce parc-territoire indigène.
Le fait de déclarer “ intangible ” (=qui doit rester intact)  les territoires indigènes  était surtout prévu à  l’intention des groupes de cultivateurs de coca qui étalent leurs activités jusque dans les parcs nationaux au lieu de se cantonner aux espaces qui leur sont légalement réservés.

A  l’intérieur du TIPNIS, les 22 groupes d’indigènes  répartis dans les plaines,  vallées et hauts  plateaux exigeront le respect de leurs territoires face à la convoitise de nouveaux venus qui recherchent des terres riches à exploiter. Mais pour eux, cette “ intangibilité ” serait aussi vécue comme l’interdiction d’user des ressources naturelles qui  les entourent.
Une concertation aura lieu autour de la requête en 16 points établie par les indigènes. Outre le rejet de la construction de route à travers le TIPNIS, ce document demande le respect des Terres Communautaires d’Origine dans la nouvelle législation agraire.

La principale préoccupation des indigènes est l’application de leur droit à la consultation selon une norme, et cette condition n’avait pas été observée lors de la préparation du projet contesté à travers la zone protégée…

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