Brèves (novembre 2012)

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 PARAGUAY : Federico Franco isolé.

Le 22 juin dernier, le coup d’Etat parlementaire destituait le Président Fernando Lugo et imposait Federico Franco. Mais malgré les efforts diplomatiques du premier ministre José Félix Fernández, le nouveau gouvernement demeure isolé sur le plan international. Pourtant Franco bénéficie d’un appui sans réserve de la part  des grands médias, des secteurs d’entreprises, – surtout des agro-exportateurs -, du Vatican et de la hiérarchie catholique. Mais la majorité des gouvernements progressistes d’Amérique du Sud lui tournent le dos. Sur le plan intérieur, après avoir voulu stimuler le sentiment nationaliste de la population en dénonçant « la nouvelle triple alliance contre le Paraguay« , il constate que les citoyens, accablés par leurs problèmes,  reprennent peu à peu le rythme des protestations contre  les pouvoirs de l’Etat. Et l’alliance politique qui lui avait permis de s’imposer s’effrite progressivement car chaque  parti pense à ses propres intérêts dans la campagne électorale de 2013…

PAYS DE  L’ALBA : Le Sucre en action.

Le Système Unique de Compensation Régionale de Paiements (SUCRE) est devenu un élément fondamental dans les échanges commerciaux entre les pays de l’ALBA. Selon la presse équatorienne, à la mi-septembre, 1419 transferts avaient été réalisés en 2012 grâce à cette monnaie virtuelle régionale, d’après les registres de la Banque Centrale. En Equateur, toutes les institutions du système financier opèrent avec ce système, qui génère des avantages importants pour les usagers : la réduction des coûts de transfert et d’importation,  ou l’élimination des commissions de la Banque Centrale aux agents, ainsi que des formalités dans les pays où existent des mécanismes de contrôle de sortie de devises. Parmi les produits qui se sont le plus exportés vers cette nation sud-américaine on note des véhicules et accessoires pour camions, des réfrigérateurs, des gazinières, du lait, du thon, les pommes de terre, et les importations sont surtout des engrais et des vaccins.

PARAGUAY : Des enfants défilent en uniformes militaires.

Récemment le gouvernement de Federico Franco organisa un défilé en l’honneur de la victoire du Paraguay dans la bataille de Curupayty (22 / 9 / 1866) durant la guerre de la Triple Alliance.

Le principe de cette commémoration était bien accepté par la population mais la participation d’enfants en tenues de camouflage de l’armée et portant un fusil sur l’épaule fut ressentie négativement dans tout le pays, spécialement par ceux qui veillent aux droits des enfants. Dans  un communiqué à l’opinion publique, le Forum pour le Droit à l’Education dénonça les autorités comme principales responsables de la résurgence de pratiques militaires dans le système éducatif.

Pour ce Forum, ce défilé est une preuve que l’éducation continue d’être instrumentalisée au Paraguay, comme durant la dictature, pour l’installation d’un régime « militariste, autoritaire et pervers« . La « Coordination pour les Droits de l’Enfance et de l’Adolescence », qui réunit 27 associations, a exprimé publiquement sa désapprobation et déploré que le Ministère de l’Education et de la Culture ait donné son accord pour ce type de manifestation. Elle a rappelé que durant les dernières années, 90 adolescents étaient morts dans des installations militaires et que l’Etat paraguayen s’était engagé avec la communauté internationale à ne plus permettre que des jeunes mineurs soient incorporés dans des fonctions militaires. La Coordination exige que l’Etat paraguayen tienne parole et demande la tolérance zéro pour les propositions qui promeuvent la violence et portent préjudice au développement intégral des jeunes.

PEUPLES INDIGÈNES : Convention 169 de l’OIT.

Au Pérou, le groupe de travail sur les Peuples Indigènes de la coordination nationale des Droits Humains (CNDDHH) publie le « rapport alternatif 2012 sur l’application de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) « , concernant les peuples indigènes et tribaux. Ce rapport analyse la période de août 2011 à juillet 2012. Il dénonce des situations comme l’absence d’une base de données comptabilisant la quantité d’indigènes existant dans le pays, situation qui nuit aux communautés indigènes et originaires dans des processus importants comme les consultations sur les projets d’infrastructure qui les affectent. Bien que la Loi sur la Consultation préalable soit approuvée, il n’y a pas d’avancée significative d’appui aux besoins des peuples indigènes péruviens. Le gouvernement  s’intéresse aux intérêts des entreprises minières  au détriment des droits des indigènes. La CNDDHH remarque que  » 25 % du territoire national sont concédés aux entreprises minières. A Cajamarca même la Place d’Armes et les chapelles font partie des concessions ! Le gouvernement poursuit la politique extractiviste qui persiste depuis l’époque de Fujimori et qui continue de générer des conflits. »

BRESIL : Le Cri des Exclu(e)s.

Le 7 septembre, le Brésil célèbre son « indépendance« . C’est aussi à cette date que retentit le « Cri des Exclu(e)s« . Cette manifestation populaire a chaque année un thème. En 2012 ce fut « La vie en premier lieu » et aussi « Nous voulons un Etat au service de la Nation, qui garantisse les droits de toute la Population« . Ce jour-là, organisations sociales, collectifs, Eglises, etc. réalisent des manifestations pacifiques et montrent la véritable réalité brésilienne, demandant des changements concrets dans des secteurs comme l’éducation, la santé, la sécurité, le respect des droits humains ou de la nature. Le Cri débuta modestement il y a 18 ans. Aujourd’hui c’est un évènement national. Chaque ville est libre de s’inspirer de ses propres revendications pour son Cri : à Itabuna (Etat de Bahia), le Cri de cette année a été contre la violence, car la ville enregistre 300 homicides par an. Dans la région Nord, ce fut un grand Cri contre la construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte. Dans les villes-sièges de la Coupe du Monde, les actions étaient contre les déplacements forcés.  Grâce au Cri des Exclu(e)s, la semaine de la Patrie est vue différemment, le Cri est autre chose que la célébration officielle. La date du 7 septembre n’est pas seulement un moment pour voir les défilés, on entend aussi  des demandes émanant de la population.

MEXIQUE : Veracruz, l’enfer du journalisme.

En moins d’un an, l’Etat mexicain de Veracruz a vu mourir 10 journalistes. Exercer cette profession là-bas relève de l’héroïsme. Le travail des reporters, caricaturistes et rédacteurs semble provoquer la colère des organisations narcos, non seulement dans le Veracruz mais aussi dans les Etats de Morelos, Sinaloa, Coahuila, Chihuahua, Durango, Tamaulipas, Guerrero, Zacatecas, Oaxaca…

Le rapporteur spécial pour  la Liberté d’Expression de la Commission Interamércaine des Droits Humains de l’OEA écrit : « La violence contre les journalistes notamment dans l’Etat de Veracruz est alarmante. Et  cette violence s’applique le plus fréquemment sur ceux qui couvrent des thèmes en relation avec la délinquance organisée, les réseaux de narcotrafic, l’insécurité, etc. En conséquence, le journaliste sentant sa vie menacée ainsi que celle des siens, commence à s’autocensurer, et  de cette façon les personnes concernées sont privées de savoir ce qu’elles ont le droit de savoir… L’obligation de l’Etat est triple : prévenir, protéger et enquêter. Quand un journaliste est assassiné parce qu’il a écrit sur tel ou tel thème qui dérange certains, c’est d’abord sa famille mais aussi toute sa profession et toute la société qui se sentent réduites au silence.… La majorité des cas de violence restent impunis. Or si un pays ou une région dispose de mécanismes d’investigation efficaces, cela est dissuasif pour la délinquance qui ne peut avoir de contrôle sur la presse. L’impunité et l’intimidation génèrent un climat parfait pour le crime organisé… »

 

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