FEMMES DU NICARAGUA: Avancées et reculs. mars 2013

Selon le rapport annuel du Forum Economique Mondial, le Nicaragua est  au 5ème rang mondial pour l’égalité de genre et la prise de pouvoir  politique. Cette évaluation  le place bien avant les Etats-Unis  (22ème). Parmi les 135 pays que mentionne ce rapport, le Nicaragua se  signale par la quantité de femmes députées (40 %  de la Chambre)  et  chargées ministérielles (50 %). Cette classification a été obtenue  essentiellement à la suite de l’application en mai 2012 d’une loi qui exige que 50 % des candidats des partis politiques soient des femmes.

Jusqu’ici cette avancée – en chiffres -ne semble pas avoir donné de résultats marquants dans la société. En février le Réseau de Femmes contre la Violence (RMCV) publiait son rapport annuel (Informe anual  de femicidio 2012) sur les assassinats de femmes, qui témoigne de  l’augmentation du nombre de ces assassinats et des insuffisances de la justice : 76 femmes assassinées en 2011 mais 85 en 2012, en majorité âgées de 20 à 30 ans, et dont 13 avaient présenté une dénonciation à la police pour maltraitance. Le rapport révèle des indices alarmants de carence dans l’accès à la justice et l’impunité : sur 140 000 dénonciations présentées à la justice  pour délits envers les femmes, seulement 15,44% ont été pris en compte par la justice. Le RMCV espère qu’avec la Commission interinstitutionnelle chargée de veiller à l’application de la loi 779, (loi intégrale contre les violences faites aux femmes), le grave problème de ce type de violence sera enfin attaqué à la racine.

Mais des difficultés surgissent qui limitent l’application de la loi : absence de ressources financières, absence de Commissariats de la Femme, censés travailler en lien avec la Commission, surtout dans les zones éloignées de la capitale, absence de défenseurs publics ou avocats…

Une plus forte représentation des femmes dans les instances de pouvoir sera-t-elle efficace ? Les enquêtes montrent que la présence plus nombreuse des femmes au pouvoir semble peu importer aux leaders des secteurs public et privé : les raisons pour  lesquelles cette décision fut prise sont étonnantes : « la finalité de cette décision n’était pas  de donner du pouvoir aux femmes, mais simplement – pour le gouvernement – d’acquérir plus de pouvoir, ou de déstabiliser l’opposition qui n’avait pas assez de candidates femmes »…

Actuellement les femmes représentent la moitié de la population nicaraguayenne et de la force de travail,  elles reçoivent 60 % des titres universitaires, elles investissent  – plus que les hommes -, leur argent dans la santé et l’alimentation de leur famille. Il dépend d’elles que leur nouvelle place dans les instances de pouvoir soit une occasion de s’affirmer et de créer le changement afin que le leaership ne reste pas une affaire d’hommes.

En mai 2012, Amnesty International présentait à Londres son rapport sur les Droits de l’Homme dans le monde : « Au Nicaragua, les violations et abus sexuels ont continué d’être généralisés. Selon les statistiques du Commissariat de la Femme et  de l’Enfance, deux tiers   des viols dénoncés entre janvier et août affectaient des jeunes de moins de 17 ans. Les efforts officiels pour combattre la violence sexuelle contre les femmes et les filles n’ont pas été efficaces. Le gouvernement n’a mis en marche aucun plan d’action pour éradiquer la violence sexuelle, protéger les survivant(e)s ou garantir l’accès de ceux-ci aux services d’appui psychosocial intégral. L’interdiction de l’avortement sous toutes ses formes est toujours en vigueur. La loi ne permet aucune exception. En février 2011, l’historique des Droits Humains du Nicaragua a été évalué dans l’Examen Périodique de l’ONU et 12 Etats membres ont recommandé que soit révoquée l’interdiction totale de l’avortement. En septembre, le Comité de l’ONU des Droits de l’Enfant a demandé à l’Etat nicaraguayen la dépénalisation de l’avortement. C’était le 5ème comité de l’ONU qui recommandait que soient  réformées les lois sur l’interdiction totale de l’avortement, et que  l’on mette fin à cette grave violation des droits humains des femmes et des filles. Malgré sa promesse de le faire avant mai 2009, la Cour Suprême de Justice n’a pas effectué le recours d’inconstitutionnalité de la loi qui interdit tout avortement. »

ENVIO, juin 2012.

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