(Confidencial 21/11/2016, trad. B. Fieux)
Le 25 novembre est la « Journée Internationale pour l’Elimination de la violence à l’égard des Femmes » .
Au Nicaragua cette journée est marquée par des manifestations de femmes qui protestent contre la violence machiste, en particulier contre les « fémi(ni)cidios ». Le femicidio – ou feminicidio – selon les pays latinos, est « l’assassinat d’une femme par un homme qui la considère comme sa propriété ».
Une marée rouge déferle, ce jeudi matin, dans l’une des principales artères de Managua. Une centaine de femmes vêtues de rouge intense marchent d’un pas ferme et en silence, en hommage aux victimes des féminicides du Nicaragua, qui sont déjà au nombre de 44 en 2016. Les manifestantes se sont mobilisées sur la voie qui relie l’Université Centroaméricaine (UCA) au bâtiment central de la Police, Plaza El Sol. En arrivant elles s’agenouillent sur le sol, en un geste symbolique.
Dans ce groupe de femmes se trouve Gladys Flores, 67 ans. Elle a fait le parcours avec une certaine difficulté, mais parvient quand même au but.
« Je marche pour toutes ces femmes assassinées. Je demande à l’Etat que pour chaque femme qui dépose une dénonciation, ils l’écoutent avec attention, parce qu’ils n’en font pas cas tant qu’elle n’est pas morte ! » dit Gladys, qui participe aux groupes féministes depuis quinze ans. « Je marche en boitant mais je vais quand même aux marches parce que cela me plait de soutenir cette action ».
Les principales exigences des participantes de cette manifestation appelée « marche du silence », sont d’exiger que l’État fasse appliquer la Loi 779, Loi Intégrale Contre les Violences envers les Femmes, et de lancer un appel urgent à la société pour que les crimes contre les femmes ne demeurent pas impunis.
María Teresa Blandón, directrice du Corriente Feminista et co-organisatrice de cet évènement, explique que cette manifestation est un mélange de dénonciation, de douleur et de deuil à la mémoire des femmes assassinées. Elle rappelle qu’il est nécessaire de lier, dans l’idéologie populaire, que le féminicide est seulement l’expression la plus forte de la violence, mais qu’on peut l’éviter si on réussit à déraciner les comportements machistes et violents qui affectent les femmes et les fillettes.
Pour Tania Irías, du Mouvement Féministe du Nicaragua, il est temps que le pays réagisse face à la cruauté que présentent les cas de féminicides, qui ne sont toujours désignés que comme « assassinats ». Selon elle, cela fait obstacle aux avancées de l’accès à la justice stipulé par la loi 779.
« Nous, les citoyen(ne)s, nous sommes complices, en trouvant naturelle la violence envers les femmes et les petites filles. Cette loi a été manipulée de la manière qui convient le mieux au système judiciaire : on a fermé les « Commissariats de la Femme ».
Une quantité de femmes qui ne sont plus là aujourd’hui sont allées déposer une dénonciation, puis accéder à la médiation, présentée comme une solution, mais ensuite elles ont été assassinées », explique Irías.
Chaque manifestante, sur ses vêtements rouges, porte un carton avec le nom d’une des femmes assassinées cette année. Ainsi María Angelica, Meylin, Jessica, Raquel, et les autres ont parcouru ce jeudi les rues de Managua bien que leur corps ne soit pas présent…
« Nous allons vêtues de rouge parce que c’est la couleur du sang versé, le sang de nombreuses femmes, qui avaient des rêves, des objectifs dans leur vie, et qui malheureusement ont été victimes de ce système machiste », déclare Lois González, une jeune avocate féministe qui participe à la manifestation.
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