EL SALVADOR.

20 ans de désastre néolibéral.

(Source : www.rebelion.org)

Durant 20 ans les gouvernements successifs de ARENA ont suivi les décisions émanant de Washington, et pour finir le dernier Président Antonio Saca se distingua en signant le Traité de Libre Commerce avec l’Amérique Centrale (TLCCA) et en décidant, – seul pays d’Amérique Latine -, d’envoyer un contingent militaire en Irak pour appuyer l’occupation nord-américaine. Ses prédécesseurs avaient déjà appliqué les directives néolibérales orientées par la FMI et la BM : privatisation de l’électricité, de la banque et des télécommunications, dollarisation.

Bilan de la situation sociale après 20 ans de cette politique : 52 % de la population est dans la pauvreté. 49 % n’ont pas l’eau potable. 85 % de la population rurale ne bénéficient d’aucune attention médicale. La Loi de Création du Système National de Santé n’a fait que favoriser des privatisations et seuls les riches peuvent se soigner.

La majorité des jeunes abandonnent l’école pour tenter de trouver un travail. Le taux de chômage se situe entre 66 et 70 % de la population active. Quantité de produits alimentaires sont importés des Etats-Unis (maïs, haricots, produits lactés, œufs, poulets congelés) et les agriculteurs salvadoriens ont fini par abandonner leurs petites parcelles et aller tenter de survivre en ville.

Les mesures néolibérales ont servi de bouillon de culture pour que cette nation de 6,5 millions de personnes devienne l’une des plus violentes du monde avec une moyenne de 12 assassinats par jour. Les « pandillas » appelées ici « Maras », (bandes de délinquants) prolifèrent dans tout le pays du fait des mauvaises conditions sociales, agressions et assassinats sont devenus une « épidémie » difficile à juguler.

La misère favorise les migrations et presque 3 millions de Salvadoriens résident et travaillent à l’extérieur, surtout aux Etats-Unis. L’argent qu’ils envoient à leurs familles ( « remesas » ) représente 17 % du PIB, argent qui n’influe pas sur le développement du pays, mais permet de soulager les besoins de la population réceptrice. La dernière augmentation salariale avait porté les revenus mensuels des parlementaires de 1800 à 2900 dollars. (Employés de commerce et services : 183 dollars ; ouvrières de maquila : 162 ; travailleur agricole : 86.)

Election présidentielle du 15 mars 2009 « L’espérance a vaincu la peur »

(Source : www.jornada.unam.mx)

L’élection de Mauricio Funes à la présidence d’El Salvador est une victoire éclatante du grand mouvement social majoritaire d’aspiration à la justice sociale et à la liberté. Il était le candidat du FMLN (Front Farabundo Marti de Libération Nationale) qui regroupe les combattants et sympathisants des ex-organisations guerilleras ainsi que de nombreux militants sociaux.

Le FMLN fut constitué comme parti politique à la signature des accords de paix en 1992. L’ARENA n’avait pas réussi, malgré toute l’aide militaire reçue des Etats-Unis, à anéantir la rébellion armée des années 80, due à l’intolérable inégalité sociale et à l’oppression dont souffrait le peuple. Les accords de paix, – ni vainqueur ni vaincu – ont fourni un espace politique qui, si limité soit-il, n’avait jamais existé auparavant.

Mauricio Funes est un prestigieux journaliste critique des gouvernements de l’ARENA, cette droite oligarchique qui détenait le pouvoir en El Salvador depuis le 19ème siècle, et qui en 1932 avait réprimé dans le sang le soulèvement paysan.

Funes a un excellent programme de gouvernement surgi de la consultation nationale avec les bases populaires et les autres secteurs. Il s’attachera à assurer le droit du peuple à l’alimentation, l’éducation, la santé, la culture, la science, les sports, l’équité de genre. Il veut créer un réseau de sécurité alimentaire pour protéger les groupes vulnérables et une économie en faveur du bien-être social. Il revendique les droits des peuples indigènes, priorise la création d’emplois, et insiste sur l’unité et l’intégration de l’Amérique Centrale et des Caraïbes dans l’Amérique Latine. Il tentera de sortir les zones rurales de leur prostration, et d’impulser l’économie en stimulant surtout la petite et moyenne entreprise. Il s’attachera aussi à combattre la corruption et prévoit des plans à court, moyen et long terme pour venir à bout de la violence.

Tous ces objectifs réclament un grand effort de mobilisation populaire et de négociation avec les autres forces politiques. Le nouveau Président ne dispose pas de la majorité parlementaire, le système judiciaire est encore contrôlé par la droite de même que l’armée et une grande partie de l’appareil d’Etat. En outre, l’économie dépend beaucoup de celle des Etats-Unis à laquelle elle est liée par le Traité de Libre Commerce, et l’argent qu’envoient les Salvadoriens expatriés.

Le FMLN a accepté le défi, aujourd’hui il est à la Présidence, comme l’a proclamé Funes, avec son option préférentielle pour les pauvres comme « notre évêque martyr » Arnulfo Romero. El Salvador mérite et bénéficiera sûrement de la solidarité des autres gouvernements progressistes des peuples d’Amérique Latine.

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