Le Rallye Dakar en Amérique Latine (janvier 2016)

L’aventure avait commencé en 1977. Ce rallye d’un type nouveau lancé par Thierry Sabine sous le nom de Paris-Dakar accueillait tous les participants et, durant une trentaine d’années, fournit aux amateurs de sensations d’innombrables histoires sportives et humaines.

Les aspects négatifs furent quelque peu passés sous silence, sauf par des écologistes et pacifistes tel René Dumont en 1980 : « Le rallye Paris-Dakar est indécent. Je compare cela à une bande de fêtards qui organisent un banquet, mais pas chez eux, et qui entrent chez un pauvre pour ripailler sans l’inviter à partager ». Ce rallye méprise l’Afrique autant que le désert. Les cadeaux qu’il fait pour se dédouaner ne l’empêcheront jamais de rester, comme le dit Albert Jacquard, une « sottise totale ».

Mais en 2008, la crainte du terrorisme fait abandonner les territoires africains et dès 2009, les participants se tournent vers l’Amérique du sud. Le 3 janvier 2009 le « Rallye-Dakar » démarre dans la ville de Tigre, près de Buenos Aires, devant une foule de quelque dix mille personnes dont de nombreux hommes politiques.

Ce rallye – le premier hors Afrique – effectuera 14 étapes en territoire argentin et chilien, passant par 7000 propriétés privées, « cherchant des chemins alternatifs éloignés des parcs et des réserves naturelles » souligne un quotidien. « La valeur des véhicules  – autos, motos, camions -, qui participent à l’épreuve dépasse les 43 millions de dollars et la caravane d’appui qui les accompagne est composée de 300 autres véhicules routiers, de 14 avions et de 40 hélicoptères », précise le quotidien argentin Pagina 12.

Les retombées financières ne sont pas identiques d’un continent à l’autre : le Chili a claironné avoir reçu cent millions de dollars de retombées en 2013, alors que le Sénégal avait estimé à 2 millions d’euros le manque à gagner lié à  l’annulation de l’épreuve en 2008… L’organisation de la course obtient aussi que le Rallye soit déclaré « d’intérêt public » pour ne pas être embarrassé par des lois contraignantes…

Le Rallye Dakar 2016 est le 37ème. Il se déroule pour la 8ème année consécutive en Amérique du Sud. Le parcours de cette édition est une diagonale partant de Lima et arrivant à Rosario le 16 janvier en traversant le Pérou, la Bolivie et l’Argentine. C’est la première fois que le Chili n’accueille pas le rallye, en raison d’importants dégâts des eaux dus aux pluies ayant eu lieu après le rallye 2015 dans le nord du pays.

Le 24 août 2015  le Pérou refuse que le Dakar passe dans le pays afin que les autorités  locales puissent se préparer au phénomène « El Niño » qui devrait être violent cette année-là. En conséquence le Dakar se déroule entre l’Argentine et la Bolivie.

Les reportages exaltent le courage et la ténacité des participants. Pourtant un aspect est  beaucoup moins évoqué : quels obstacles rencontrent-ils ? y a-t-il des dégâts, des victimes? quelle est l’opinion des habitants des pays traversés?

Le 9 janvier, entre Uyuni et Salta, le buggy de Lionel Baud renverse un spectateur bolivien de 63 ans, causant sa mort. Un peu plus tard, une collision se produit entre deux camions d’assistance et quatre automobiles dont celle de L. Baud. Le conducteur de l’un des camions meurt sur le coup. Il faut ensuite la police pour disperser les pilleurs du camion qui transportait diverses marchandises.

Au 6 janvier 2015, totalisant les victimes, l’AFP en dénombrait 71 (depuis le début) :
– 24 concurrents dont 19 motards, 3 en voiture, 2 en camion.
– 16 spectateurs (dont 10 enfants
– 11 journalistes,
– 4 ou 5 personnes d’assistance,
– 17 autres décès (dont le créateur Thierry Sabine avec Daniel Balavoine et 3 autres personnes en accident d’hélicoptère).

Dans ces pays aux richesses archéologiques nombreuses et variées, les protestations des archéologues se sont fait entendre, quoi que sans grand succès. Rien qu’au Chili, le Conseil des Monuments Nationaux estime à près de 200 le nombre de sites archéologiques ravagés par le passage de la course : cela va du fossile de requin vieux de 18 millions d’années dans le désert, aux peintures rupestres des grottes. Pourtant l’organisation de la course assure qu’elle demande l’aval  des autorités avant de définir le parcours de l’épreuve.…

Les Indiens de la tribu Aymara envisagent de bloquer la course car le défilé des concurrents traverse leurs marais salants et leurs pâtures ; le gouvernement bolivien a décidé d’envoyer l’armée sécuriser la course !

Mais un pays refuse carrément le passage de la course : l’Equateur, qui a rejeté avec fracas la proposition, au motif que « le pays ne bénéficiera en aucun cas du passage de la course ». Le gouvernement équatorien justifie son refus en se basant sur les conclusions de l’ONG argentine Funam, qui dénonce le bilan environnemental du Dakar, grandement minimisé dans les études d’impact.…

Le quotidien suisse « 20 minutes » conclut ainsi un article : « Alors que la Formule 1, le rallye ou le Championnat du monde de motocyclisme ont fait un énorme travail au niveau de la sécurité, le Dakar, lui, continue de semer régulièrement des morts à travers l’Amérique du Sud. Existe-t-il une solution  pour mettre un terme à cette hécatombe ? «   (web@20minutes.ch)

Le Rallye Dakar, nous en avions déjà parlé sur notre site…

ARGENTINE : Le Rallye Dakar 2015 en Argentine

Le Rallye Dakar, compétition d’Européens qui menace le patrimoine sud- américain.

Le Dakar en Argentine et les écologistes de Tucumán

BREVES (janvier 2013)

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