BOLIVIE: Evo Morales, toujours président.

(Telesurtv.net)

Evo Morales a été réélu Président au premier tour des élections du 12 octobre avec 58,5 % des suffrages, pour la période 2015 – 2020. . « C’est une victoire historique importante pour la Bolivie parce qu’elle ratifie tous les plans que nous avons mis en œuvre, comme la nationalisation des hydrocarbures, et tous les changements sociaux qui se concrétisent dans notre pays. Cette victoire assurera la continuité de nos changements politiques et sociaux… Seul le peuple uni et organisé peut démontrer que c’est possible… Au nom de tous et de toutes, ce triomphe du peuple bolivien est dédié à tous les peuples d’Amérique Latine et du monde qui luttent contre le capitalisme et contre l’impérialisme. Ce triomphe est dédié à Fidel Castro, à Hugo Chávez qui repose en paix… » déclara Evo Morales, déclenchant les applaudissements de la foule.
 » La Bolivie ne veut plus d’affrontements, c’est pourquoi nous isouhaitons que tous les secteurs travaillent ensemble. J’invite l’opposition à faire des propositions concrètes… »

Les militants du MAS, les mouvements sociaux, les syndicats, les indigènes se sont rendus sur la Place Murillo, face au Palais du Gouvernement à La Paz, pour célébrer cet évènement avec leur Président. Avec le triomphe de Evo Morales, la Bolivie va diversifier son industrie grâce à l’exploration de nouveaux gisements de gaz et de pétrole, et poursuivre les changements sociaux entrepris.

Premier président indigène de Bolivie, Evo Morales enfant gardait les lamas dans la communauté aymara de Isallavi, dans la zone andine désertique de Oruro (ouest). La famille vivait dans une petite maison de adobe au toit de paille. Elle mesurait trois mètres sur quatre et faisait fonction de dortoir, de cuisine, de salon… Passionné de foot, Evo passa son adolescence dans la ville de Oruro. Pour survivre il fabriquait des briques, du pain et jouait comme trompettiste dans un orchestre de musique folklorique.

Puis il émigra dans la région tropicale du Chapare, au centre du pays. Il fut bientôt élu dirigeant sportif du syndicat de paysans cocaleros (cultivateurs de coca). Des années plus tard, le Chapare devint l’épicentre du commerce de la drogue, ce qui incita des milliers de paysans à cultiver la coca, matière première de la cocaïne. Morales défendit toujours l’usage traditionnel de la plante, destinée surtout à être mâchée ou à préparer des infusions. En raison de la croissance du commerce illicite, les Etats-Unis – pourtant demandeurs – firent pression pour l’élimination des plantations de coca, ce qui déclencha chez Morales un profond sentiment anti-nord-américain. Le Chapare l’élut député régional en 1995, et il devint le leader de sa région. En 2005, élu aux présidentielles avec 54 % des voix, il commence à développer une politique indigéniste et étatiste, critiquant fortement les Etats-Unis et établissant des liens politiques avec Cuba, le Venzuela et l’Iran.

En 2006 il nationalise les hydrocarbures – gaz et pétrole – et met fin à leur contrôle par les entreprises espagnoles, britanniques, brésiliennes, françaises. Jusqu’alors ces entreprises retiraient 82 % de cette exploitation et concédaient 18% à l’Etat bolivien. Désormais, ces pourcentages sont inversés et l’Etat réalisera des infrastructures, investira dans la santé et l’éducation. L’extrême pauvreté baisse de 39% en 2005 à 18% en 2013.

Morales est réélu en 2009 avec 64 % des votes. Sa majorité au Congrès fait que son parti, le MAS, peut voter des mesures sans nécessité de l’appui de l’opposition. Les exportations de gaz assurent des fonds importants à l’Etat bolivien qui peut entreprendre des programmes sociaux et des investissements en infrastructure.

Habitué à ne dormir que quelques heures, Evo commence sa journée à 5h du matin et la termine après minuit. Il vit seul dans la résidence présidentielle de La Paz, il a 54 ans, ne s’est pas marié et a coutume de dire qu’il « est marié avec la Bolivie ». il a une fille et un garçon, tous deux adolescents, de deux mères différentes.


EVO MORALES, les dix raisons de son succès.

(Juan Manuel Karg, journaliste et analyste international,
publié par ADITAL)

1. La croissance économique soutenue. La croissance a été en moyenne de 5% par an, ce qui a permis de réaliser une large politique sociale, d’où la baisse de 20 % dans la pauvreté extrême.
2. Extension territoriale du triomphe. Le MAS a gagné 8 des 9 départements dans cette élection. Dans la zone d’opposition (« medialuna »), il n’a perdu qu’au Beni mais triomphé dans Santa Cruz, Tarija et Pando, alors qu’en 2008 ces territoires souhaitaient sa chute. Mais les chefs d’entreprises voyant croitre l’hégémonie du MAS, optèrent pour éviter la confrontation et plutôt « faire des affaires ». Ce qui amena le MAS à obtenir des résultats inédits : 50% des votes à Santa Cruz.
3. Stabilité politique. Le leadership de Morales est le plus ferme du pays. Après son triomphe il fit appel à l’opposition :  » Cessons la confrontation, travaillons ensemble pour la Bolivie ». Et la COB, (Centrale Ouvrière Bolivienne), après des années de désaccords,
soutint sa candidature
4. Dispersion de l’opposition : Samuel Doria Medina et Tuto Quiroga, deux opposants, ne purent se mettre d’accord pour unifier leur candidature.
5. Politique de nationalisations. Elle se déroula dès 2006, après l’arrivée d’ Evo au Palacio Quemado, mais elle eut un rôle important sur le plan symbolique et pratique et contribua grandement à la croissance économique. Evo le mentionna ainsi : « Il y avait deux programmes : la nationalisation contre la privatisation. Et c’est la nationalisation qui a gagné à nouveau. »
6. Politiques sociales élargies. La Renta Dignidad pour les anciens, le bono Juancito Pinto et le bono Juana Azurduy ont permis le scolarisation et fait baisser sensiblement le taux de désertion scolaire.
7. Relations internationales. Evo Morales répéta souvent lors de sa campagne : « Sans ambassade des Etats-Unis, tout va mieux. » Cependant il rechercha des relations avec d’autres pôles de pouvoir importants au niveau international, comme la Russie et la Chine. Ainsi, sous sa présidence, la Bolivie réussit à organiser le G77+ la Chine, puissant bloc de pays émergents dans le cadre de l’ONU. Le sommet du G77 + Chine, réalisé à Santa Cruz au milieu de cette année, montra Evo amphytrion d’un méga-évènement international, impensable pour la Bolivie quelques années plus tôt, et éleva sa popularité interne.
8. Rôle de la Bolivie en Amérique Latine. Morales a répété qu’il veut faire de la Bolivie le « centre énergétique de l’Amérique du Sud », pensant aux importantes réserves de gaz et de lithium du pays. Mais aussi, ses pairs le reconnaissent comme une voix importante dans les organismes d’intégration autonomes que s’est donnés la région : ALBA, UNASUR, CELAC, et MERCOSUR où la Bolivie entrera en décembre prochain comme membre de plein droit.
9. Nouvelle génération militante. Sous le nom de « génération Evo », une nouvelle génération de militants du MAS a participé pour la première fois à cette campagne électorale et favorisé une rénovation politique au sein du parti. Durant une entrevue avec la CNN à l’ONU, Morales a mentionné ces jeunes, soulignant l’importance qu’ils auront dans le futur du processus de changement ouvert en Bolivie depuis fin 2005, et qui consacra le premier gouvernement du MAS.
10. Hégémonie culturelle. Le MAS a aussi gagné le « débat culturel » sur ce que furent les deux premiers gouvernements, qui ont modifié profondément l’histoire précédente de la Bolivie, caractérisée par de longs processus néolibéraux. Sur ce point l’actuel vice-président, Alvaro García Linera, a joué un rôle prépondérant, en sachant interpréter la signification de la création de « ‘l’Etat Plurinational de Bolivie », comme représentation d’une pluralité de nations, aux objectifs et aux intérêts partagés, et a démontré que la Bolivie entre dans une nouvelle phase d’expansion de la « révolution démocratique » bolivienne.

 

 

 

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