BRÉSIL : Contre les barrages. (Février 2010)

(Source : www.rebelion.org)

La frénésie de construire des barrages pour générer de l’énergie électrique a débuté dans les années 70.  Durant cette décennie on construisait en moyenne 5400 digues ou retenues par an au plan mondial. Le résultat est qu’aujourd’hui plus de la moitié des cours d’eau de la planète sont canalisés par des barrages et que 80 millions de personnes ont été déplacées de leurs terres. Même si, en Europe et aux Etats-Unis, cette ardeur est retombée du fait de raisons économiques et de critiques sur l’impact environnemental de ces mégaprojets, au sud du continent américain des pays comme le Brésil s’obstinent à poursuivre ce modèle.

Les grands complexes hydroélectriques des années 70 au Brésil avaient comme finalité de générer de l’énergie pour un processus d’industrialisation rapide. Pour cela il était nécessaire d’exproprier de vastes zones rurales dans un temps relativement court, et des populations entières furent obligées d’abandonner logement, terres et emplois. Dans bien des cas, ce déplacement physique fut involontaire et s’effectua par la pression et la force ”

“ Avec la crise du capitalisme des années 70, plusieurs secteurs, comme la métallurgie, aux capitaux japonais ou européens, commencent à investir dans des pays en voie de développement. Le Brésil a acccueilli ces entreprises dans le but d’apporter le progrès dans le pays. Ces entreprises ont  besoin d’une énorme quantité d’énergie électrique pour effectuer  leur production. Comme nous avons une grande abondance de cours d’eau, nous avons privilégié l’énergie hydro-électrique : par rapport à d’autres sources d’énergie celle-ci est beaucoup moins onéreuse, ce qui est fondamental aux yeux du capital. ”

Les personnes déplacées doivent faire face à quantité de risques : se retrouver sans terre, sans travail, sans habitation, sans sécurité alimentaire ni mesures sanitaires. Jusqu’aux années 90, les entreprises qui contrôlaient les barrages étaient sous contrôle de l’Etat, il y avait donc possibilité de faire pression pour que les personnes déplacées soient réorientées dans des conditions semblables à ce qu’elles avaient dû quitter. Mais vers 1995, commence la privatisation du secteur électrique au Brésil.

A partir de là, commence une étape où il n’y a plus  possibilité de faire reconnaître ses droits et de réclamer ”. C’est alors que les populations affectées se mettent à réaliser des actions diverses, telles qu’occupations de terres, marches, affrontements sur les chantiers  ou les propriétés publiques. En réponse, l’Etat recourt à la persécution et la criminalisation des militants et de leurs organisations. Le rapport de forces est très inégal. “ Mes compagnons occupèrent une zone de construction près de Tucurui, ils revendiquaient une surface à cultiver pour pouvoir survivre. Pour avoir osé demander cela ils furent fortement réprimés, certains emprisonnés 50 jours sans processus judiciaire. Il y a une grande persécution politique et policière ”.

Les retenues d’eau sont présentées comme une attraction touristique et naturelle par les gouvernements locaux. Lacs artificiels avec activités sportives  ou de distraction, il s’agit de générer le consensus à partir d’un marketing “ vert ” sur une infrastructure qui est loin de se concilier avec la nature.

Les retenues d’eau peuvent engendrer des altérations significatives dans le régime du cours d’eau, en altérant la température de l’eau. Les grands barrages ont causé la perte de la biodiversité aquatique. En utilisant le double argument de la propagande verte et du “ développement ”, les retenues d’eau continuent d’avancer pour les intérêts de l’industrie et en laissant de côté les autres formes d’énergie (biomasse, énergie éolienne, solaire, géothermique, océanique…)

Au Brésil ce thème fait de plus en plus l’objet de débat car dans les dix prochaines années, le gouvernement prétend construire 78 barrages hydroélecriques dans le cadre de son “ PAC ” ( Programme d’accélération économique). Ce plan implique plus de 30 barrages pour la région amazonienne. Deux méga-barrages sont déjà en cours de réalisation, l’un sur le río Madeira, qui va affecter 25 000 personnes. L’autre est plus connu à cause de la forte résistance des populations locales : le barrage hydro-électrique de Belo Monte ( bassin du río Xingú, Etat de Para) qui sera la 3ème retenue mondiale par l’importance de sa production. Elle nécessitera le déplacement de 30 000 personnes.

La région amazonienne ( y compris au Pérou et en Colombie) devient le champ d’action  des entreprises transnationales, non seulement pour la construction de barrages hydroélectriques mais aussi pour la recherche de minéraux, le contrôle de la biodiversité, de l’eau, et tout ceci provoque l’expulsion des populations riveraines et paysannes dont l’unique moyen de transport était fluvial.

Dans l’Etat de Para le gouvernement s’efforce de donner un maquillage “ vert ” au projet en prévoyant des réserves–témoins. Et l’IBAMA ( Institut Brésilien de l’Environnement et des Ressources Naturelles Renouvelables ) a récemment annoncé qu’il donnerait son accord à la réalisation du projet.

Les organisations indigènes assurent que leurs droits sont violés, malgré la Constitution Fédérale et l’accord 169 de l’Organisation Internationale du Travail. (“ Les Gouvernements devront respecter l’importance spéciale que revêt, pour les cultures et valeurs spirituelles des peuples intéressés, leur relation avec les terres ou territoires qu’ils occupent, et en particulier les aspects collectifs de cette relation. ”)

Les lois prévoient en effet la consultation préalable des populations concernées puis la réalisation d’audiences publiques dans chaque localité affectée pour évaluer les impacts de grands travaux sur l’environnement. Le projet de Belo Monte comporte déjà de nombreuses irrégularités.

Pour affronter ces menaces, les mouvements sociaux tentent de se regrouper au  maximum, la plupart d’entre eux font déjà partie de Vía Campesina comme le Mouvement des Travailleurs sans Terre ( MST), le Mouvement des Petits Agriculteurs, le Mouvement des Femmes Paysannes, la Fédération des Etudiants en Agronomie.…

Le collectif recherche une alliance avec les peuples originaires qui ont une forte tradition de résistance, surtout dans la région amazonienne. Joindre les efforts pour renforcer  la résistance…

BOLIVIE : le gaz à domicile.

Il y a 20 ans, la Bolivie riche en gaz naturel avait envisagé la distribution de ce combustible dans les foyers de Santa Cruz. L’entreprise SERGAS s’était adjugé le contrat mais depuis lors, seulement neuf mille connexions avaient été réalisées. En fait l’entreprise avait privilégié l’accès au gaz pour les entreprises industrielles et négligé le service à domicile.

La décision politique du Président Morales, suivi du candidat au titre de gouverneur, Justiniano Talavera, vise à connecter progressivement, en quelques années, tous les foyers  et à très bas prix ( la bonbonne au tiers de son prix habituel).

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